REFVTATION DES LOVANGES
données à Mazarin.
SI le Mazarin n’estoit declaré criminel par la
voix du Ciel & de la terre : si celle de tous les
bons François ne s’accordoit à le publier : si
mesmes les sujets insensibles ne taschoient de former
quelque expression palpable pour en porter
l’idée à nos sens : Si les ombres des morts
& les tombeaux qu’on voit si frequents dans toutes
nos Villes, ne s’efforçoient d’en rendre vn
témoignage muet aux viuans. Ie n’aurois pas mis
la plume à la main, pour respondre à l’iniure
qu’on fait à la Iustice de nostre ressentiment, par
les loüanges indiscrettes qu’en cet escrit venu de
Pontoise, on donne à nostre ennemy mortel,
pour le iustifier dans Paris. Certes, quiconque à
des yeux, n’a point besoin d’oreilles pour estre informé
de son crime ou de sa foiblesse : il ne faut que
voir la France au miserable estat où ce Tyran l’a
reduite, pour connoistre qu’il fut tousiours incapable
de la regir, & qu’il n’a iamais merité par ses
vertus l’éclat du haut rang, où l’aueuglement de
la fortune la conduit par les mesmes degrez, qui
sous l’apparence d’vn parfait bon-heur, monterent
autresfois nostre mal-heur presque au dernier
point, sous le regne d’vn autre Ministre. Ces Plaines
desertes, ces Villes détruites, ces Bourgs rauagez,