Anonyme [1649], RECVEIL GENERAL, De toutes les Chansons mazarinistes. ET AVEC PLVSIEVRS QVI N’ONT point estées chantées. , françaisRéférence RIM : M0_3055. Cote locale : C_8_44.
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Qu’estoit de Clanleu si courtois,
Nostre amy & loyal,
Qui fut tué à Charanton,
Aussi-bien que Monsieur de Chastillon.

 

 


Il a seruy le Roy Louys,
Dedans les Pays-bas,
Montrant à tous nos ennemis,
La valeur de son bras,
A Courtray & mesme allieur,
Il a montre son insigne valeur.

 

 


A Bergue & Ipre mesmement
Il fit de beaux exploits,
Faisant bien voir à ces Flamands,
Et à ces Dunkerquois,
Que pour son bon Roy sans tarder
Sa vie dans ces lieux vouloit hazarder.

 

 


A Furnes, & au Fort Mardik,
Ce vaillant Conducteur,
Sur la mer parut fort hardy,
Faisant de la terreur,
Aux Vaisseaux qui vouloient entrer
Dedans la place pour la seconder.

 

 


Monseigneur le Duc d’Orleans,
Voyant qu’il auoit fait,
En homme sage & bien prudent,
Luy donna cét endroit,
Pour en estre le Gouuerneur,
L’appuy & aussi le vray deffenseur.

 

 


A Dunkerque pareillement,
Ce Genereux Seigneur :
Se battoit tousjours vaillamment
Dedans les lieux d’honneur,
Mais falloit-il qu’à Charanton,
Estre tué par vn meschant poltron.

 

 


A Diximud il y a deux ans,
Qui le prit pour certain,
Deuant Léopold & ses gens,
Vn Ieudy au matin,
Et dont il en fut Gouuerneur
Pour son courage & aussi son grand
cœur.

 

 


Et au bout de huict iours apres
Léopold vint Camper,
Deuant la Ville tout exprés,
Afin de l’assieger,
Où a lors Monsieur de Clanleu,
Faisoit des furieuses sortis sur eux.

 

 


Ce Guerrier soustint dix-huict
iours,
Comme vn vaillant Soldat,
D’vn fort beau zele & plein d’Amour
Donnant force combats,
Dedans l’Armée & dans leurs Camp
Taillant en piece d’aucun Regiment.

 

 


Il luy falut au mesme temps
Bien-tost capituler
Voyant qui n’y auoit nullement
Quasiment de quartier,
Car pour les Soldats qu’il auoit
Furent tous prisonniers dans cét endroit.

 

 


Aprés celà il s’en-alla
Trouué lors Gassion,
Le supplier qui l’enuoya,
A Louys de Bourbon,
Lettre escripte de sa main
Que la ville estoit renduë pour certain.

 

 


Gassion escript promptement
Vne lettre au Roy,
Qui s’estoit battu vaillamment
Ayant par plusieurs-fois,
Fait des sortys sur l’ennemy
En montrant qui n’estoit pas endormy.

 

 


Mais tout celà n’empescha-pas
Le mal-heureux dessein
De ce perfide & ce Iudas,
Qu’on nomme Mazarin,
Car il le fit mettre en prison
Par vne noire & mauuaise intention.

 

 


Dedans Amiens il fut vn an,
Retenu prisonnier
Mais les barricades arriuant
Si-tost fit supplier
Tous nos Seigneurs de Parlement
Pour leur montrer qu’il estoit innocent.

 



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