C’est par là que ce cauteleux Serpent a surpris vne
deuot Religieux de la Congregation de l’Oratoire,
à qui il auoit fait entendre, qu’il n’aimoit pas Dieu,
s’il souffroit que nostre Sauueur IESVS-CHRIST
fust encore immolé, comme par d’autres Iuifs, pour
les pechez des hommes, que ce sacré Ministere n’apartenoit
qu’à des Seraphins, & que s’il vouloit donner
vn tesmoignage authentique de son amour enuers
la Majesté diuine, il deuoit empescher le premier
Prestre qui celebreroit la sainte Messe, de ne
point prophaner (comme il luy faisoit entendre)
le sacré Corps & Sang de nostre Sauueur IESVS-CHRIST.

Vendrẽdy dernier, onziéme de ce present mois
de Iuin mil six cens quarante-neuf, sur les sept heures
du matin, dans l’Eglise des Reuerends Peres de
l’Oratoire de IESVS de la ruë Sainct Honoré, Ce
Religieux entendoit la Messe du Reuerend Pere Benoist
auec vne deuotion extraordinaire, au Maistre
Autel de cette Eglise ; il se frapport la poictrine, il
jettoit des larmes de despit, Et le diable qui ne manqua
pas à l’aspect de l’Hostie de renouueller ces detestables
suggestions, & de luy reprocher la lascheté
qu’il y auroit en luy, de ne pas venger l’impudence
des hommes, à porter de quatre doigts le Createur
de toutes choses.

Ce pauure Religieux contemplant seulement la
grandeur & la Majesté de Dieu, & non pas sa Bonté
infinie, par laquelle il s’est humilié jusques à se faire