Anonyme [1649], QVESTION, S’IL Y DOIT AVOIR VN PREMIER MINISTRE DANS LE CONSEIL DV ROY. RAISON D’ESTAT ET POLITIQVE TRES-IMPORTANTE A DECIDER, pour le bien du Souuerain, & pour le Repos de la Patrie. , françaisRéférence RIM : M0_2950. Cote locale : C_6_77.
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l’autre murmure contre les Regens, tous ensemble
contre le Ministre : & si auec tout cela l’Estat
n’en est pas plus en repos, ny les subiets mieux à leur
aise.

 

L’Image du Souuerain, la veritable Censure de la
Lettre d’Auis, la Ruine du Mal Nommé, & les Reflexions
Chrestiennes, Morales, & Politiques, veulent
que les Roys ayent vn pouuoir tres absolu sur
tous leurs subiets, ainsi qu’il est porté dans le 18. chapitre
de l’Ecclesiaste, & dans le 8 de Samuël, où il est
dit, Qu’ils prendront nos biens & nos enfans, pour en faire
à leur volonté, sans que Dieu vüeille prester l’oreille à nos
plaintes. La Lettre d’Auis, & le Theologien Politique
s’estudient à nous persuader le contraire. Celuy-cy
dit, que les Loix diuines & humaines nous permettent
de repousser la force par la force. Que le glaiue
que les Roys portent, ne leur a esté donné de
Dieu, que pour nostre bien, & non pas pour nous destruire,
& qu’ils ne sont les dispensateurs de nos vies,
qu’en les employant auec vne iuste & legitime moderation,
à la conseruation de l’Estat, & non pas pour
contenter l’auidité de mille sangsuës qui enuironnent
les Princes. Qu’il ne leur est pas permis de faire tout
ce qu’ils veulent ; mais seulement tout ce qui est iuste,
& profitable aux peuples. Que s’ils contreuiennent
à ce qu’ils sont obligez de faire pour leurs Suiets,
il est sans doute permis aux subiets, par vne equité
relatiue, de faire la mesme chose. Qu’on ne leur doit
obeyr, qu’en tant que leurs commandemens se trouuerõt
conformes aux loix fondamentales de l’Estat,
veu qu’elles font au dessus des Roys & des Princes.
Et la Lettre d’Auis soustient que la France est vne pure
Monarchie Royale, où le Prince est obligé de se
conformer aux loix de Dieu, & où son peuple obeyssant
aux siennes, demeure dans la liberté naturelle,
& dans la proprieté de ses biens, sans que le Souuerain



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