Anonyme [1649 [?]], QVESTION, S’IL Y DOIT AVOIR VN PREMIER MINISTRE dans le Conseil du Roy. , françaisRéférence RIM : M0_2950. Cote locale : D_1_19.
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ont esté mal traitez par les Peuples ?

 

Demosthenes ne fut-il pas iniustement banny de sa
Patrie, comme s’il eut eu commis quelque notable
crime ? Socrates, ne fut-il pas fait mourir, comme s’il
eust esté coulpable ? Metellus ne fut-il pas chassé de
Rome, comme s’il eust desseruy la Republique ? Hannibal
ne fut-il pas mal traitté par ceux de Carthage ?
Camille ne receut-il pas mesme traitement des Romains,
que le Numidique ? Licurgue ne fut-il pas
aussi mal reconnu de Lacedemone, que Solon d’Athenes ?

Non, non, il n’en est pas ainsi de la Monarcbie, où
il y a vn Souuerain, qui force les Grands & les petits
à viure sous les loix de Dieu & des hommes. L’égalité
mesme des Ministres d’Estat que ie presche auec vn
zele incroyable, pour tenir l’ambition des Fauoris en
bride, ne subsisteroit pas, tant la Nature humaine est
subjette à se peruertir, si le Prince ne prenoit le soin
de les maintenir en leur deuoir, par le moyen d’vne
Iustice vn peu seuere.

Quand tous les Ministres sont égaux en puissance,
nul ne peut vouloir quelque chose, & moins la mettre
en execution, sans la communiquer à toute la compagnie :
De sorte que si sa volonté est iuste, tout le reste
y consent, & si elle est contre le Prince, ou contre le
Peuple, son desir est refrené de ses autres confreres ; ce
que pas vn n’oseroit entreprendre, si l’opinant estoit
absolu dans toutes ses volontez, comme est auiourd’huy
celuy qui gouuerne les affaires de cet Empire.

FIN.



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