Anonyme [1649 [?]], QVESTION, S’IL Y DOIT AVOIR VN PREMIER MINISTRE dans le Conseil du Roy. , françaisRéférence RIM : M0_2950. Cote locale : D_1_19.
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Ce seroit tomber de fievre en chaud mal, & ce seroit
sortir d’vn bourbier, pour entrer dans vn precipice.

 

Il faut trouuer vn remede qui soit plus doux &
plus propice, & au Prince & au Peuple. Il me semble
que s’il n’y auoit point de premier Ministre d’Estat
dans le Conseil, & qu’il pleust au Roy de les considerer
tous également, que ce seroit auoir trouué l’art
de bien faire seruir le Souuerain, & de donner vn repos
eternel à tous les Peuples de France.

Ces dignes Administrateurs des affaires de cette
Monarchie, se trouuant aussi puissans les vns que les
autres, empescheroient les desordres de celuy qui se
voudroit emanciper, & par les maximes de leur emulation
& de leur enuie, ils se tiendroient tous dans
leur deuoir, de crainte de se voir tost ou tard, sous la
domination de celuy qui se voudroit éleuer sur ses
Confreres. Il n’est que la seule égalité qui les puisse
tenir dans la moderation, & qui les puisse susciter à
bien faire.

L’vnion de quantité d’Esprits qui conspirent à mesme
fin, font des miracles pour le Prince & pour le
Peuple. Solon, Licurgue, Demosthene, & Ciceron,
n’ont iamais presché que cette égalité de puissances
dans le conseil de leurs Republiques. C’est ainsi que
chacun propose ses raisons sans crainte. A quelle
prodigieuse grandeur ne monta pas la Republique
Romaine, durant que l’admirable vnion de ses Senateurs
se trouua incorruptible en toutes ses parties.

Et cela ne fait rien contre moy, de dire que la dignité
Royale est vne charge bien lourde & bien pesante :
Qu’elle ne se peut pas administrer qu’auec vne
grande difficulté : & qu’il est necessaire que le Prince,
pour ne pas succomber à la grandeur des affaires, ait
vn appuy, qui luy aide à supporter le faix de sa charge
Que les Roys sont des petits Dieux terrestres,



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