Anonyme [1649 [?]], QVESTION, S’IL Y DOIT AVOIR VN PREMIER MINISTRE dans le Conseil du Roy. , françaisRéférence RIM : M0_2950. Cote locale : D_1_19.
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L’exercice d’vne charge si importante, est si difficile
à faire, qu’il se trouue peu de personnes qui en
soient dignes. A moins qu’vn homme soit tout à fait
consommé au maniement des affaires publiques, malaisément
les sçauroit-il entreprendre qu’à nostre
perte.

Neantmoins le Cardinal Mazarin à beau faire, le
Theologien d’Estat ne laisse pas de dire que les Fauoris,
sous couleur de conseruer la Monarchie, font entreprendre
toutes choses au Prince, que les Loix du
Royaume, portent l’exclusion des Ministres estrangers,
& que la Reyne, pour beaucoup de raisons deuroit
congedier celuy qui gouuerne les affaires.

Et le Theologien Politique, comme le plus porté
contre les Roys, dit que nous ne deuons pas donner
nos biens & nos vies pour contenter l’auidité des Fauoris,
& de mille autres sangsuës qui enuironnent les
Princes. Qu’on se peut opposer aux tyrannies d’vn
Ministre estranger, & qu’on n’en peut establir aucun
sur soy qui ne soit éleu d’entre ses freres.

D’autres disent, que le Cardinal n’est aupres du
Roy & de la Reyne, que pour leur inspirer des sentimens
de vengeance contre tout le monde. Qu’il est
indigne du Ministere, à cause qu’il est Italien & de
bas lieu, & qu’il y a vn Arrest solemnellement donné
contre toutes les promotions de cette nature. Que le
Parlement l’a declaré pernicieux à l’Estat, perturbateur
du repos public, & ennemy du Roy & du Royaume,
& qu’il ne faudroit pas seulement se contenter
de le bannir, mais qu’il faudroit encore chasser auec
luy, tous ceux qui ont tenu la main à sa tyrannie.

D’autres, comme la Lettre d’Auis, en reiettent
toute la faute sur le Parlement, de ne s’estre pas vertement
opposez à la naissance de ses iniustes tyrannies,
& d’auoir toleré si long-temps l’infame trafic du
sang des subiets du Prince.



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