Anonyme [1649], QVESTION, SI LA VOIX DV PEVPLE EST LA VOIX DE DIEV ? , français, latinRéférence RIM : M0_2951. Cote locale : A_7_14.
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estrangers sons maudits de Dieu, cependant qu’ils ne peuuent
pas manquer de voir eux-mesmes en les citant, qu’ils ne sont
nullement propres à leur dessein malicieux.

 

REFVTATION
DV LIBELLE
INTITVLÉ,
L’Anatheme
du Ministre
d’Estat estrãger.

Si on vouloit introduire parmy nous toutes les loix contre
les estrangers qui estoient parmy les Iuifs, non seulement les
Italiens & les Allemans seroient bannis de nostre commerce,
mais les François seroient estrangers aux François mesmes,
aussi bien que les Iuifs ; dont vne tribu ne pouuoit s’allier auec
les autres, comme il paroist dans les endroits de la Genese, &
des Nombres, dont il est question. Sous cette loy, aussi dure
que le cœur des Iuifs à qui elle auoit esté dõnée, Dieu n’estoit
pas si liberal de ses benedictions, comme depuis qu’il a enuoyé
son propre Fils sur la terre. Il n’y en auoit pour lors qu’vn canton
qui fust consacré à Dieu : Et comme les Grecs appelloient
tous les autres peuples barbares, à cause qu’ils se croyoient seuls
sçauãs & polis, les Iuifs appelloiẽt tous les autres peuples maudits,
à cause qu’ils se croyoient seuls fideles. Au lieu que maintenant
toute la terre est à Dieu : & nous ne sommes plus qu’vn
mesme peuple en IESVS CHRIST, qui est nostre Roy, &
nostre Chef ; ce qui fait que le nom d’estranger ne se doit plus
dire parmy nous au sens de l’Escriture en beaucoup d’endroits,
où il veut dire infidele & payen. La pluspart des autres anathemes
de l’Escriture s’adressent aux Philistins, aux Cetheens,
lebuseens, Amorreens, & aux autres anciens ennemis des
Iuifs qu’elle veut que le peuple de Dieu deteste. Et dans les
affaires presentes, quels doiuent estre reputez estrangers de
cette sorte ? ou ceux qui assidus aupres d’vn Prince, n’employẽt
toutes leurs pensées & tous leurs soins qu’à le rendre triomphant
des anciens ennemis de son Estat, & à luy faire gagner
sur eux des batailles, & des places ? Ou ceux qui font des ligues
auec eux, & qui appellent leurs armes dans le cœur de son
Royaume ?

Genes. 24.
Num. 26. &
alibi.

Psal. 53.
Psal. 128.
Psal. 17.
Ezech 28. 30.
31. Hierem 8.
51. 30. Ioel. 3.
Hierem.
Thren. &c.

L’Escriture defend aussi que l’on prenne vn estranger pour
Ministre. Mais cette equiuoque de Ministre d’Estat, auec Ministre
de la parole de Dieu, est si puerile, qu’elle ne merite pas
de response : & seroit plus excusable dans vn Rondeau, qu’en
vne piece si saincte comme l’autheur s’imagine qu’est la sienne.

Num. 3.
Num. 16.

Elle ne condamne donc point les estrangers dans la qualité



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