Anonyme [1649], QVESTION, SI LA VOIX DV PEVPLE EST LA VOIX DE DIEV ? , français, latinRéférence RIM : M0_2951. Cote locale : A_7_14.
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est certain qu’il approuue encore bien moins que le peuple ayt
cette insolence contre ceux dont la domination est douce &
moderée.

 

Principi populi
tui non
maledices.
Act. 23.

Populum impudẽtem
non
videbis, populũ
alti sermonis,
ita [1 mot ill.]
non possis intelligere
disertitudinem
linguæ eius,
in quo nulla
est sapientia,
Isaiæ 33.

Os maledictione
& amaritudine
plenum est, &
venenũ aspidum
sub linguis
eorum.
Psal. 13.

Ie ne puis en cette occasion que ie ne condamne l’ingratitude
ou pour mieux dire, l’impieté de ma Nation contre la meilleure,
& la plus pieuse Reyne qui ayt iamais monté sur le
throsne, & que ie n’aye honte de voir que tous les peuples de
l’Europe ayent plus de iustice pour ses qualitez heroïques &
Royales, que celuy à qui elle la rend auec tant de soin. Elle
n’a point perdu dans les tempestes de la guerre ciuile, cette
prudence qu’elle auoit conseruée dans ses malheurs particuliers,
& a tesmoigné dans la minorité du Roy son fils, vne fermeté
aussi inébranlable contre les persecutions de la fortune,
qu’elle en auoit tesmoigné dans le regne du Roy son Espoux.
Et c’est cette fermeté mesme qui luy deuroit attirer l’admiration
de tout le monde, qui luy attire le blasme, & la haine de
quelques esprits factieux. Elle auoit eu raison à son aduenement
à la Regence, de se vouloir seruir des conseils d’vn homme
consommé dans vne infinité de negotiations, qui auoit
esté comme collegue dans le ministeriat auec le plus grand
homme que nous ayons iamais eu en France, qui se trouuoit
seul saisi de la clef de toutes les affaires tant du dedans que du
dehors du Royaume, dont le feu Roy luy auoit donné l’administration
quasi aussi souuerainement qu’à ce grand Ministre
qu’il auoit perdu ; & qu’en mourant il luy auoit ordonné de
prendre pour le chef du Conseil de sa Regence. En effet le
desordre & la confusion dont fut remply l’espace de temps
qui se passa entre la mort du feu Roy & le restablissement de
Monsieur le Cardinal Mazarin, monstre bien que ce fut vne
chose tout à fait necessaire pour entretenir le credit que nous
auions acquis chez les estrangers. Mais s’il y auoit eu raison de
le restablir dans cette premiere place, il y a eu encor bien plus
de raison de l’y maintenir. Son bannissement estoit la premiere
démarche des seditieux, mais ce n’estoit pas où ils vouloient
demeurer. Leurs libelles sentoient desja le leuain d’Angleterre
& de Hollande, & demandant des Conseillers zelez pour
le bien public, ils faisoient assez entendre qu’ils vouloient dire
des Conseillers zelez pour la Republique. Ma main tremble



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