Anonyme [1649], QVESTION, SI LA VOIX DV PEVPLE EST LA VOIX DE DIEV ? , français, latinRéférence RIM : M0_2951. Cote locale : C_6_76.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 21 --

de nos François mesmes, comme de Bertrand du Guesclin,
qui eut l’honneur de remettre vn Roy de Castille sur le Trosne,
des grands hommes tant d’Eglise que d’espée qui ont gouuerné
en Escosse pendant la Regence de Marie de Lorraine,
& pendant le regne de Marie Stuart sa fille : de Pontus de la
Garde, simple gentilhomme François, qui de petit cadet de
de là le Loire deuint Connestable de Suede, où son fils a encore
cette charge. La France seule, comme le pays du monde
que l’on loüe le plus pour son hospitalité, fournit assez d’exemples
de familles estrangeres qui y ont eu du credit, comme des
Connestables Stuart ou d’Aubigny maison Escossoise, de ceux
de Montmorency, originaires de Flandres, où les aisnez de
cette maison sont encor en grande consideration ; des Ducs de
Guise, qui ont gouuerné si absolument en France sous tant de
Rois, & à qui l’on reprochoit tousiours qu’ils estoient estrangers ;
des Ducs de Nemours, de Neuers, de Boüillon Lamark,
des Schombergs, des Bassompierres, qui auoient tant de credit
du temps de Henry IV. & de Loüis XIII. des familles de
Strozzy de Sienne, d’Ornano de l’Isle de Corse, des Fiesques
de la ville de Gennes, & des Gondis, qui doiuent leur establissement
en France au Mareschal & au Cardinal de Rets,
qui y ont esté fauoris du temps de nos peres, encores qu’ils fussent
Italiens aussi bien que celuy à qui on le reproche maintenant.
Et si on vouloit examiner la genealogie de la pluspart
des grandes familles de France, elles se trouueroient auoir
commencé quasi toutes par des estrangers. Mais si quelque
estranger doit passer pour François naturel, ce doit estre le
Cardinal Mazarin plustost qu’aucun autre. Si on ne songe
qu’au premier moment de sa vie, on trouuera veritablement
qu’il n’a pas esté François : mais si on compte tous les autres, on
trouuera qu’ils ont esté employez pour la France, & qu’ainsi il
est bien moins Italien que François ; & que par consequent sa
qualité d’estranger ne le doit point exclure du ministere. Ie
dis bien dauantage, que de deux hommes également habiles,
& également versez dans la cognoissance des affaires d’vn
Estat, il n’y a pas peu de lieu de douter lequel est le plus à desirer
à des peuples pour Ministre ; ou celuy qui seroit de leur païs,
ou vn estranger : pource qu’ils doiuent desirer celuy qu’il y a


page précédent(e)

page suivant(e)