Anonyme [1649], QVE LA VOIX DV PEVPLE EST LA VOIX DE DIEV. CONTRE LE SENTIMENT de celuy qui nous a proposé vne Question toute contraire. , françaisRéférence RIM : M0_2943. Cote locale : C_10_52.
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que la tyrannie puisse inuenter parmy les
hommes.

 

Nostre ame est tellement preoccupée du desir de
reuoir ce Dieu donné, qu’elle est comme morte en
toutes ses autres facultez, quelques raisonnables
qu’elles puissent estre.

Nos yeux sont ouuerts, mais ce n’est que pour reuoir
vos Majestez. Nostre bouche parle, mais ce
n’est que de vostre retour : & nostre fantaisie blessée,
ne fait que se diuertir à l’aspect des images de cette
premiere entreueuë, comme si la chose estoit : & puis
reuenant à soy, on n’entend retentir dans l’air, qu’vne
confusion d’helas, quand sera ce que Dieu nous
faira cette grace !

Le zele que nous auons pour cela, est vn feu du
Ciel qui nous a consommez, iusques à ne nous laisser
qu’vn peu de voix, pour vous dire que c’est de la pare
de Dieu & des hommes, qu’on vous fait des supplications
si iustes & si pressantes.

Le Prophere Royal Dauid dit, que le zele qu’il auoit
conceu de la maison de Dieu, luy auoit consommé le
cœur, & deuoré les entrailles. Nous en pouuons
bien dire de mesmes du desir que nous auons de reuoir
vos Majestez, ou dans vostre Palais Royal, ou
dans vostre Louure : & ne croyez pas, MADAME,
que nos esprits soient appaisez iusques à ce que tout
le Peuple de Paris se trouue honoré de vostre presence.

Oüy, MADAME, nous souhaitons auec passion,
de voir ce visage, qui s’est autrefois obscurcy pour
nous dans vne serenité merueilleuse.

Oüy, MADAME, nous desirons auec vn amour
incroyable de voir ce corps qui s’estoit armé contre
nous, pour le combler de benedictions extraordinaires.
Il faut que vostre Maiesté sçache, MADAME,
que nous ne tiendrons iamais la paix, qu’elle nous a



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