Anonyme [1652], PROCEZ DES VERITABLES HABITANS DE LA VILLE D’ANGERS CONTRE L’EVESQVE, AVEC LES PIECES IVSTIFICATIUES de leur differend. LETTRE PASTORALE DE MONSEIGNEVR L’EVESQVE D’ANGERS. AVEC LA RESPONSE DES Habitans d’Angers à ladite Lettre Pastorale de mondit Seigneur l’Euesque. ET LA PLAINTE DE LA RESPONSE A LA Lettre Pastorale de l’Euesque d’Angers, bruslée par les Mazarins de la ville d’Angers. Aux Habitans de ladite Ville , françaisRéférence RIM : M0_2886. Cote locale : C_12_48.
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LETTRE PASTORALE
DE MONSEIGNEVR L’EVESQVE
D’ANGERS.

HENRY par la misericorde de Dieu, & par la grace du sainct Siege
Apostolique, Euesque d’Angers, Aux fidelles de la ville d’Angers,
Salut & consolation en celuy qui est l’esperance & la ioye de nos
Ames.

LA saincteté des Mysteres que l’Eglise nous propose dans la semaine que nous commençons,
& les thresors qui nous y sont ouuerts par la diuine misericorde, nous
portent à vous addresser cette Lettre Pastorale, pour vous exhorter de tout nostre pouuoir
à procurer autant que vous y estes obligez la sãctification de vos Ames, qui est selon
l’Apostre, le principal dessein de Dieu sur nous. Nous ne pouuons croire que vous ayez
oublié tout ce qui s’est passé depuis deux mois, & que la memoire de la ruine dont cette
ville a esté menacée se soit dissipée auec le bruit des canons, ou plustost auec cette voix
de tonnerre, par laquelle, selon le langage de l’Escriture, Dieu a voulu parler à nous ; au
contraire comme le souuenir en est sans doute encore present à vos esprits, & qu’il n’y a
personne qui ne soit viuement touché par les funestes marques de la desolation de cette
Prouince, nous auons creu que c’estoit vous donner vne occupation conuenable à la
saincteté de ce temps, que de vous faire considerer deuant Dieu tous ces maux dans leur
origine, afin que nous puissions les éuiter à l’auenir, quand nous en connoistrons les veritables
causes. Et nous les connoistrons sans doute, si nous pensons combien nous sommes
esloignez de la perfection à laquelle les Chrestiens sont particulierement appellez,
si nous pensons au peu de fruict que nous tirons de tout ce que Iesus-Christ a fait pour
nous pendant ces iours de salut & enfin si nous pensons à l’attachement que nous auõs
au peché si oppose à cette saincteté qu’il demande de nous, puis qu’il est venu le destruire
luy-mesme par ses souffrances & par sa mort. Or comme il est indubitable, selon l’Euangile,
que rien n’est plus capable de ruiner vn Royaume que la diuision ; & qu’il est
impossible qu’elle se trouue iamais dans vne ville où ces veritez seront pratiquées ; nous
ordonnons à tous les Curez & à tous les Confesseurs de cette ville, de trauailler autant
qu’ils pourront à desraciner le peché des ames, & à faire comprendre aux fideles qu’il
est la source de tous les maux qui nous sont arriuez, & qu’ils ne doiuent iamais esperer
d’estre reconciliez auec Dieu, s’ils ne rompent auec son ennemy, & s’ils ne font vne ferme
resolution de l’abandonner, & de s’exercer dans la pratique de toutes sortes d’œuures
de charité, sans laquelle il ne peut y auoir de salut pour eux. Et d’autant que la mesme
loy, qui nous lie & nous oblige à Dieu, nous lie encore & nous oblige au Roy ;
nous ordonnons pareillement à tous lesdits Curez & Confesseurs (qui se doiuent considerer
en cette occasion comme mediateurs que Dieu a establis en son Eglise, & qu’il a



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