Anonyme [1652], PROCEZ DES VERITABLES HABITANS DE LA VILLE D’ANGERS CONTRE L’EVESQVE, AVEC LES PIECES IVSTIFICATIUES de leur differend. LETTRE PASTORALE DE MONSEIGNEVR L’EVESQVE D’ANGERS. AVEC LA RESPONSE DES Habitans d’Angers à ladite Lettre Pastorale de mondit Seigneur l’Euesque. ET LA PLAINTE DE LA RESPONSE A LA Lettre Pastorale de l’Euesque d’Angers, bruslée par les Mazarins de la ville d’Angers. Aux Habitans de ladite Ville , françaisRéférence RIM : M0_2886. Cote locale : C_12_48.
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Encores vn met, de grace, MONSEIGNEVR, comment auez vous souffert qu’on
ait violé le traité de paix par des voyes que les Ordonnances vous defendent de suiure,
n’eussiez-vous point esté satisfait si les Maire, Escheuins, Capitaines de Ville n’eussent
esté cassez pour introduiser vos Confidens, & qu’on n’eust leué des grosses sommes
de deniers sur nous, establissant vne pancarte odieuse, contre toute sorte de droict, afin
de destruire vn Corps que vos chers amis les Laniers, les Boilesue & les Mesnages ont
affoibly par leurs frequentes soignées : c’estoit-là qu’il falloit prescher & peril pour le
maintien de l’authorité Royale, qui est grandement blessée par le violement qu’on fait
de la parole de sa Majesté, & faire connoistre à tout le monde que vous estes aussi jaloux
de la repetation de nostre Roy, que du soulagement de son peuple.

Apres ces manquemens de foy, les persecutions qu’on fait encores souffrir à tous les
Habitans, les menaces qu’on fait à ceux que l’on veut rendre criminels, pour n’auoir
pas esté les spectateurs, ou peut-estre les personnages dés Tragedies que vous vouliez
iouër, peut on prendre quelque confiance en vos paroles.

Apres que vous auez tout renuersé vous demandez qu’on restablisse, que vous auez
tout diuisé vous preschez qu’on reünisse, que vous auez manqué de foy, vous voulez
qu’on la garde inuiolablement.

Apres que par la violence des Ministres d’auiourd’huy vous nous auez forcé de
compromettre de tous vos differens, c’est à dire, d’abandonner tous nos iustes interests
pour l’auantage de ceux qui ont estably leurs fortunes sur nos ruines, vous voulez encores
assujettir & gehenner nos consciences.

Sans mentir il n’y a point eu de difference de nostre Ville à vne ville forcée, elle n’a
point ressenty les effects d’vne amnistie, ny aucun auantage de son traité.

Mais reünissons tout au nom de Dieu, nous le souhaittons plus que vous. Pour ce
cela faites restablir les Officiers dans leurs Charges, suiuant le traité de la paix, vous
le pouuez, vos amis le possedent, empeschez la leuée des deniers sur nous, & obligez
vos adherans à nous faire restitution, laissez nous la liberté de poursuiure nos instances
en la Cour de Parlement, faites que les Habitans ayent seureté dans la Ville
il vous est tres-facile, vous les jettez dans les cachots, & les retirez quand bon vous
semble.

Vous n’aurez point la peine apres cela de faire aucune lettre Pastorale.

Nous sommes neantmoins forcez de loüer vostre zele, tant pour le seruice de Dieu
que pour faire obeyr sa Majesté, sans équiuoque artificieux, & distinction criminelle.
Vous nous enseignez que la personne du Roy est tousiours accompagnée des marques
de l’authorité Royale ; Elle estoit donc chez les Espagnols, les Anglois, & les Mahometans
cette auctorité lors de la detention de nos Rois, & nos peres ont esté criminels
de prendre les armes pour leur deliurance ; si c’est vn attentat auiourd’huy de faire effort
pour retirer nostre Prince des mains de Mazarin ; Qui s’aperçoit, Monseigneur, que
vostre dessein est d’establir le Tyran, qui detiẽt la personne de nostre Roy prisonnier, &
qu’il a luy-mesme declaré son ennemy par vne Declaration verifiée. Vous n’y peséz pas,
MONSEIGNEVR, de nous blasmer comme vous faites, de distinguer le Roy du Mazarin
& de tous ses mauuais Ministres ; Cette distinction n’est point criminelle elle a
tousiours esté faite, elle est iuste & absolument necessaire, nous la faisons auec les Princes
du Sang & tous les Parlemens qui cõnoissent mieux le Roy & la Royauté que personne,
qui ont tant de fois sauué l’Estat & soustenu la Couronne chancelante dans les



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