Anonyme [1649 [?]], PIECE D’ESTAT OV LES SENTIMENS DES SAGES. , françaisRéférence RIM : M0_2758. Cote locale : A_6_82.
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Ne pense pas que les offres de l’Archiduc, ne procedassent
que de sa ciuilité naturelle, & qu’il ne
nous ait voulu secourir que parce qu’il est genereux ;
sa courtoisie auoit d’autres principes, & sa façon
obligeante, soubs le pretexte du bien public, & de
la paix de l’Europe, partoient moins de son zele
pour la tranquillité commune, que des leçons de
Charles-Quint & de Philippes Second, lesquelles
ne furent iamais conceuës pour le bien de la France.
Sapiente diffidentia non alia res est vtilior mortalibus.
Polydas. Si les Nochers sçauoient cette maxime, ils
ne se fieroient pas aux harmonies des Syrenes, &
s’ils ne s’y confioient point tant, ils se precipiteroient
moins dans les naufrages.

Eurip.

Nostre Auguste Parlement l’a iudicieusement
practiquée en ces dernieres occasions, & s’il t’estoit
permis de luy demander les raisons qui l’ont empesché
de poursuiure l’effet de ses Arrests, il te respondroit
sans doute, que la courtoisie de l’Archiduc
Leopold en est la cause ; latet anguis in herba, s’escria
vn de nos Sages, entendant la harangue de Dom
Ioseph Arnolfiny. Il n’y a point de piege plus adroitement
tendu, & par consequent plus pernicieux,
que celuy qu’on prepare, soubs couleur d’obliger :
& le grand Solyman n’eust peut-estre iamais euuahy
le Royaume d’Aden en Aise, si son Bassa qui tenoit
son armée sur la frontiere, par vne fourbe tres-obligeante,
n’eust sceu tromper vn Roy tres-mauuais
polytique, parce qu’il estoit tres-credule ; Tu



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