Anonyme [1649 [?]], PIECE D’ESTAT OV LES SENTIMENS DES SAGES. , françaisRéférence RIM : M0_2758. Cote locale : A_6_82.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 11 --

Alexandre par ses conquestes, mais qui l’a surpassé
par sa vertu, n’eust pas finy auec sa vie, si ses enfans
par leurs discordes ne se fussent rendus le ioüet & la
proye de ceux dont leur pere les auoit laissez les
Conquerans & les Monarques. Qui est-ce qui a
fait tant de fois vn theatre d’horreur & de carnage,
de la Maistresse ville du monde, & qui a si souuent
attiré l’Empire Romain sur le bord du precipice, au
mesme temps qu’il triomphoit de l’Vniuers, sinon
la diuision des Citoyens ? Les Gennois eussent-ils
quatre ou cinq fois perdu leur liberté, sans les debats
du peuple auec les Nobles ? Qu’ont fait les
Guelphes & les Gibelins, que rendre l’Italie horrible
& ridicule, & qu’a produit en ce Royaume sous
Charles VI. la fureur des Caboches & des Armaignacs ;
les querelles du Duc d’Anjou, d’Orleans &
de Bourgogne ; que preparer les François à souffrir
au Roy d’Angleterre, l’vsurpation de la Couronne
sur leurs Princes legitimes & naturels ? Et sans rien
dire icy des effects sanglans de nos dissentions sous
les regnes de Charles IX. & Henry III. si bien fomentez
par l’addresse & les despences de la Maison
d’Autriche : la Ligue mourante n’a-telle pas quasi
couronné le Roy d’Espagne dans Paris ? Et combien
peu s’en a-il fallu que nous n’ayons embrassé
l’iniustice de ses interests, pour nous priuer des felicitez
que le Grand Henry, le pere des peuples nous
offroit auec tant de douceurs, & qu’il nous a du depuis
procurées.

 

Lib. 4.



page précédent(e)

page suivant(e)