Anonyme [1651], PANEGYRIQVE DV ROY TRES-CHRESTIEN LOVYS XIV DIEV-DONNÉ, SVR SA MAIORITÉ. OV SONT LES TRES-HVMBLES supplications faites à sa Majesté, de vouloir couseruer Monsieur le Prince dans l’honneur de ses bonnes graces. , françaisRéférence RIM : M0_2663. Cote locale : B_1_8.
-- 16 --
forte de la calomnie de leurs Ennemis.
C’est alors, Sire, qu’on a veu pleuuoir sur eux des
graces si fecondes, & qu’on a veu leur esprit si plein
des effusions de Dieu, qu’vne prison a fait toute leur
liberté, & des liens qui peut-estre les tenoient trop
attachez au monde, les ont vnis auec luy seul. Il paroist
bien qu’il n’est point des prieres plus efficaces,
que celles qui par[1 lettre ill.]ẽt d’vn cœur serré de douleur &
d’affliction ; Elles sont comme les eaux enfermées
dans les tuyaux des fontaines, qui s’eslancent d’autant
plus dans l’air, quelles sont moins libres & plus
estouffées : Ces prieres, Sire, qui auoient penetré
les portes du Ciel pouuoient bien ouurir celles
d’vne prison : La voix publique fut cét Ange qui
secoüa leurs chaisnes : ils sortirent par les desirs de
tous les peuples, comme ceux qui n’auoient jamais
épargné leur sang pour procurer leur deliurance.
L’Enuie qui les vist sortir plustost qu’elle ne pensoit,
& comme des rubis qui sortent de la flamme,
auec toute leur integrité, se resolust ne les pouuant
plus prendre ny dans l’honneur, ny dans leurs personnes,
de les affliger à l’auenir par les parties de
leur esprit, & en les esbranlant, comme elle fait
continuellement par des nouuelles allarmes leur
faire trouuer dans leur propre pensée les tourmens
qu’ils ne sçauroient apprehender du reproche de
leurs actions.
|