Anonyme [1652], OVIDE PARLANT A TIESTE, Luy monstrant l’ordre qu’il doit tenir pour gouuerner vn Estat, & le rendre victorieux malgré ses Ennemis. I. Que la Coustume doit estre obseruée, sans que l’on y puisse mettre empeschement. II. Que les Loix receuës, ne se doiuent aucunement changer. III. Que l’Espée roüillée de Iustice, peut perdre le Mazarin par ses nouuelles Loix. IV. Que les Loix permettent d’appeler mains ennemies pour esuiter vne continuelle guerre. V. Que les Vertus modernes, ce doiuent loüer autant que les anciennes. VI. Que son Altesse Royalle, Messieurs les Princes, & le Parlement, sont obligez de retirer le Roy d’entre les mains du Mazarin. , français, latinRéférence RIM : M0_2637. Cote locale : C_12_36.
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comme il fait en mourant : Nous voulons vaincre
plus seurement qu’honorablement. Et cherchons
plus la fin, que la gloire, en nostre querelle. Asinius
Pollio, pour vn honneste homme moins excusable,
representa vne erreur pareille, qui ayant escrit des
inuectiues contre Plancus, attendoit qu’il fust mort
pour les publier. C’estoit faire la figue à vn aueugle,
& dire des poüilles à vn sourd, & offenser vn homme
sans sentiment, plustost que d’encourir le hazard de
son ressentiment. Aussi disoit on pour luy, que ce n’estoit
qu’aux lutins de luitter les morts. Celuy qui attend
à voir tres-passer l’Autheur, duquel il veut combattre
les escrits, que dit-il, sinon qu’il est foible &
noisif ? On disoit à Aristote, que quelqu’vn auoit
mesdit de luy : Qu’il face plus (dit-il) qu’il me foüette,
pourueu que ie n’y sois pas. Nos peres se contentoient
de reuencher vn iniure par vn coup, & ainsi
par ordre : Ils estoient assez valeureux pour ne craindre
pas leur aduersaire, viuant, & outrage : Nous
tremblons de frayeur, tant que nous le voyons en
pieds. Et qu’il soit ainsi, nostre belle pratique d’auiourd’huy,
porte-elle pas de poursuiure à mort, aussi
bien celuy que nous auons offencé, que celuy qui
nous a offencé ? C’est aussi vne espece de lascheté,
qui a introduit en nos combats singuliers, cet vsage
de nous accompagner de seconds & tiers, & quarts.
C’estoient anciennement des duels, ce sont à cette
heure rencontres & batailles. La solitude, faisoit
peut aux premiers qui l’inuenterent : Cùm in se cuique
minimum fiduciœ esset. Car naturellement quelque
compagnie que ce soit, apporte confort & soulagement
au danger. On se seruoit anciennement de
personnes tierces, pour garder qu’il ne s’y fist desordre
& desloyauté, & pour tesmoigner de la fortune
du combat. Mais depuis qu’on a pris certain,
qu’ils s’engagent eux-mesmes, quiconque


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