Anonyme [1652], OVIDE PARLANT A TIESTE, Luy monstrant l’ordre qu’il doit tenir pour gouuerner vn Estat, & le rendre victorieux malgré ses Ennemis. I. Que la Coustume doit estre obseruée, sans que l’on y puisse mettre empeschement. II. Que les Loix receuës, ne se doiuent aucunement changer. III. Que l’Espée roüillée de Iustice, peut perdre le Mazarin par ses nouuelles Loix. IV. Que les Loix permettent d’appeler mains ennemies pour esuiter vne continuelle guerre. V. Que les Vertus modernes, ce doiuent loüer autant que les anciennes. VI. Que son Altesse Royalle, Messieurs les Princes, & le Parlement, sont obligez de retirer le Roy d’entre les mains du Mazarin. , français, latinRéférence RIM : M0_2637. Cote locale : B_18_37.
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s’estoit le plus courageusement hazardé :
mais pourtant ils ne luy en donnerent point de prix,
parce que sa vertu auoit esté incitée du desir de se
purger du reproche, qu’il auoit encouru au fait des
Thermopyles : & d’vn appetit de mourir vaillamnment,
pour garentir sa honte passée. Nos iugemens
sont encores malades, & suiuent la deprauation de
nos mœurs : Ie voy la pluspart des esprits de mon
temps faire les ingenieux à obscurcir la gloire des belles
& genereuses actions anciennes, leur donnant
quelque interpretation vile, & leur controuuaut des
occasions & des causes vaines. Grande subtilité :
Qu’on me donne l’action la plus excellente & pure,
ie m’en vay y fournir vray-semblablement cinquante
vitieuses. Dieu sçait, à qui les veut estendre, quelle
diuersité d’images ne souffre nostre interne volonté ?
Ils ne font pas tant malicieusement, que lourdement
& grossierement, les ingenieux, à tout leur médisance.
La mesme peine, qu’on prend à detracter de ces
grands noms, & la mesme licence, ie la prendrois volontiers
à leur prester quelque tour d’espaule pour
les hausser. Ces rares figures, & triées pour l’exemple
du monde, par le consentement des Sages, ie ne me
feindrois pas de les recharger d’honneur, autant que
mon inuention pourroit, en interpretation & fauorable
circonstance. Et il faut croire, que les efforts
de nostre inuention sont loing au dessous de leur merite.
C’est l’office des gens de bien, de peindre la vertu
la plus belle qui sepuisse. Et ne seroit pas messeant
quand la passion nous transporteroit à la faueur de si
sainctes formes. Ce que ceux-cy font au contraire, ils
le font ou par malice, ou par ce vice, de r’amener
leur creance à leur portée, de quoy ie viens de parler :
ou comme ie pense, plustost, pour n’auoir pas la veuë
assez forte & assez nette, ny dressée à conceuoir la
splendeur de la vertu en sa pureté naïfue : Comme


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