Anonyme [1652], OBSERVATIONS VERITABLES ET DES-INTERESSEES, Sur vn escrit imprimé au Louure, INTITVLÉ LES SENTIMENS D’VN FIDELLE SVIET DV ROY, Contre l’Arrest du Parlement du 29. Decembre 1651. Par lesquelles l’authorité du Parlement, & la Iustice de son Arrest contre le Mazarin, est plainement deffenduë; & l’imposteur qui le condamne entierement refuté. Par vn bon Ecclesiastique tres-fidelle sujet du Roy. PREMIERE PARTIE. Qui iustificat impium, & qui condemnat iustum; abominabilis est vterque apud Deum; Prouerb. cap. 17. vers. 15. , français, latinRéférence RIM : M0_2574. Cote locale : B_11_23.
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que Monsieur le Duc d’Orleans le sçauoit, que cette parole ne manqueroit
iamais, & qu’ils pouuoient en assurer le Parlement.

 

En suite de ces promesses solemnelles, & de ces paroles
Royales qui ne peuuent & ne doiuent varier, sa Majesté fit
vne Declaration au mois de Septembre ensuiuant, qu’elle a
voulu estre verifiée au Parlement, laquelle contient les crimes,
& les causes qui l’ont portée à chasser ce mauuais Ministre
des terres de son obeïssance, sans espoir d’y pouuoir iamais rentrer,
ny ses parens & alliez, sous quel pretexte, cause, employ, alliance ou occasion
que ce soit, à peine d’estre declarez criminels de leze-Maiesté, &
perturbateurs du repos public, auec confirmation de tous les Arrests
qui ont esté donnez contre luy.

Si ces paroles Royales sont sans effet, si ces Declarations en
connoissance de cause sont sans obeïssance, & si tant d’Arrests
Souuerains & publiez sont illusoires & sans execution ; que deuiendra
l’authorité Royale ? Où trouuera-on la foy publique ?
& quelle assurance auront les peuples de leurs vies & de leurs
personnes ? Qui pourra les rechercher & les punir justement
des contrauentions par eux faites aux Loix du Royaume, si
elles sont incertaines, sans force, & sans execution pour les
coupables & les criminels ? La Iustice est esgale, tous les sujets
sont enfans d’vn mesme Roy, les Ordonnances n’en obligent
pas vn plus que l’autre, & si l’impunité regne pour les plus grandes,
il faut y adjoûter encore la compassion pour les pauures
& les petits qui ne pechent presque que par necessité, & qui
ne sçauroient faire de grandes maux quand ils auroient dessein
de l’entreprendre.

C’est pourquoy Monsieur le President de Believre, soustenant
l’importance de cette Declaration, & faisant connoistre à sa
Majesté comme elle est obligée de la faire valoir, & d’en appuyer
l’execution, luy dit auec sa constance & son integrité
ordinaire, dans la harangue qu’il luy fit à Poictiers le II. Ianuier
1652. Qu’apres la Declaration du 6. Septembre dernier, quand le
Cardinal Mazarin auroit toutes les qualitez de la sagesse, du sçauoir &
du bon-heur, il seroit honteux de l’appeller dans les Conseils, & dangereux
de s’en seruir. Qu’il y auroit de la honte, qu’au premier & plus
puissant Royaume du monde, qu’en la France remplie de tant de grands
hommes, de tant de capables & d’illustres sujets, & de reputation entiere,



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