Anonyme [1652], OBSERVATIONS VERITABLES ET DES-INTERESSEES, Sur vn escrit imprimé au Louure, INTITVLÉ LES SENTIMENS D’VN FIDELLE SVIET DV ROY, Contre l’Arrest du Parlement du 29. Decembre 1651. Par lesquelles l’authorité du Parlement, & la Iustice de son Arrest contre le Mazarin, est plainement deffenduë; & l’imposteur qui le condamne entierement refuté. Par vn bon Ecclesiastique tres-fidelle sujet du Roy. PREMIERE PARTIE. Qui iustificat impium, & qui condemnat iustum; abominabilis est vterque apud Deum; Prouerb. cap. 17. vers. 15. , français, latinRéférence RIM : M0_2574. Cote locale : B_11_23.
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à vostre fantaisie pour instruire & faire le procez à vn
coupable de notorieté publique, & au plus conuaincu de tous
les hommes ? Et s’il se fait garder par dix ou douze mille hommes
pour empescher les significations qu’vn seul Huissier luy
pourroit faite ; est-ce sa faute ou celle de la justice si on passe
pardessus les formes ordinaires, pour condamner celuy qui en
pratique de si violentes & de si extraordinaires ?

 

Apres toutes ces petites fuites de chicane, vous venez fondre
auec vostre insolence accoustumée sur les plaintes & la deposition
de Monseigneur le Duc d’Orleans, qui est vn tesmoin,
omni exceptione major, lequel porte sa foy & sa creance auec soy,
puisqu’il est le sur-veillant de l’Estat, qu’il est responsable de
l’education du Roy son Nepueu, & des actions de tous ceux
qui entre dans ses Conseils ; outre qu’il ne parle que par la bouche
d’vn million de complaignans & de supplians, auec vn adueu
de tout ce qu’il y a de saint & de vertueux dans ce Royaume
languissant ; c’est pourquoy ce n’est ny luy ny son authorité
Royale qui parlent, c’est la voix publique, & les soûpirs de tous
les bons François ; ce n’est ny sa deposition ny son jugement
seul qui ont condamné le Mazarin, ce sont les crimes atroces
& manifestes de ce proscrit abominable, & s’il n’y auoit que
ceux qui ne l’accusent pas qui fussent capables de le juger, il
ne se trouueroit personne qui puisse l’entreprendre, parce qu’il
n’y a plus qui que ce soit en France qui ne se plaigne de luy, qui
ne depose contre luy, qui ne iuge contre luy, & qui ne demande
iustice de ses crimes & de ses tyrannies insupportables, vox
populi, vox Dei. Les plaintes vniformes d’vn million de bouches,
les pauures qui peuplent les Villes & qui desertent le
plat-paїs, les incendies, les violemens, les sacrileges & les desolations
pitoyables qui se voyent par tout, sont-ce pas des tesmoins
assez puissans, & des preuues assez conuainquantes pour
faire condamner l’Autheur de tant de miseres & de tant de calamitez
publiques ?

Si vn Chancelier de France qui signe tant d’Arrests tout
seul ne peut estre recusé, comme il soustient, quoy que faussement,
en tout rencontre. Vn premier Prince du Sang, vn Oncle
vnique du Roy, vn Lieutenant general du Royaume, &
celuy qui est pardessus le Chancelier par tout, & qui preside en



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