Anonyme [1652], OBSERVATIONS SVR QVELQVES LETTRES ECRITES AV CARDINAL MAZARIN, ET PAR LE CARDINAL MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2572. Cote locale : C_12_35a.
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deffaite : comme si l’Archiduc, n’eust pas reserué
les meilleures, & plus grandes troupes pres de sa
personne ; & qu’on eust confié à d’Esteuan de
Guemarra le commandement de toutes les forces
du Pays-Bas. Chacun sçait, que ce qu’il auoit
ne passoit pas trois mille hommes, ioints auec les
gens du Mareschal de Turenne, qui en pouuoit
auoir autant. Le Cardinal Mazarin qui ne contribua
rien, ny de sa teste, ny de son bras ; veut
pourtant nous faire passer cette victoire pour vn
effect de sa prudence, & de son courage : parce
qu’il auoit pretendu auoir la qualité de generalissime,
au prejudice de Monseigneur le Duc
d’Orleans, qui estoit Lieutenant General de l’Estat,
dedans & dehors le Royaume.

 

VIII. Le Cardinal Mazarin croit nous auoir
osté toute l’apprehension que son retour nous
donne, en protestant qu’il ne se veut point mesler
d’aucune affaire. Pour nous persuader cette
bourde, il employe tant de paroles dans sa Lettre
pour le Roy, & encore plus particulierement
en celle qui est pour la Reyne, qu’on peut dire
qu’il s’est deffié de nostre foy. Il va iusques-là,
qu’il iure à la Reyne : que si Sa Maiesté luy commande
de prendre la moindre part dans le gouuernement de
l’Estat, il se dispensera de luy obeyr, en tout le reste
tres-humble seruiteur. Il est vray, que de sa grace,
il nous fait esperer ; qu’il communiquera à
nos Ministres ses belles lumieres : laissant à ceux



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