de plusieurs années vous estre enseuelies dans
les veines esperances, conceuës par vn esprit de fort
peu de iours.

Quoy, la memoire du feu Roy Louis le Iuste,
Prince plein de clémence & de pieté, la presence du
Roy vostre fils, dont le Ciel & les vœux de toute la
France vous ont fait la Mere, l’estime du plus Chrestien
& du plus pieux de tous les Royaumes, la consideration
de tant de Subjets, qui n’ont que des sentimens
de respect & d’honneur pour V. Majesté, ne
pourront flechir vn cœur qui n’a peû estre porté que
par les ennemis de l’Estat, ils ne pourront changer
vne resolution dont l’effect est la derniere de toutes
les extremitez.

Préuenez ie vous prie, MADAME, par la clemence,
la voix estonnante du sang de tant de Subjets, que
nous voyons prest à sortir de leurs veines au premier
coup que leur donnera vne guerre domestique ; Empeschez
promptement que ce sang ne soit inhumainement
respandu, de crainte qu’aussi-tost qu’il sera
versé sur la terre, il ne s’éleue vers le Ciel contre
vous, comme autres-fois le sang des Prophetes & des
Martyrs attira les foudres & la colere de Dieu sur
vne Princesse qui l’auoit espuisé. Et comme ce sang
conserué dans les veines de vos Subjets par vn effect
signalé de vostre bonté, ne peut parler à Dieu qu’en
vostre faueur, & ne luy demandera que des graces &
des prosperitez pour V. M. Elle se doit asseurer qu’au
mesme temps qu’il sortira de ses vaisseaux par le consentement