Anonyme [1649], NOVVELLES REMONSTRANCES A LA REINE REGENTE, Sur le gouuernement de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2561. Cote locale : A_6_36.
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Et bien qu’incessamment nous l’irritions par nos crimes
& par nos infidelitez, il ne peut neantmoins se
resoudre à retirer sa main, qui secourt nos foiblesses
d’arrester le cours de tant de profusions, & par vn
exceds tout ineffable de bonté, il semble qu’il mesure
ses biens faits au nombre de nos mesconnoissances,
afin de flechir & de vaincre nostre insensibilité,
& de l’enseuelir dans vn torrent si profond de graces,
qu’il ne reste plus à l’homme, ny mouuement ny voix
que pour adorer & publier vne bonté qui ne peut
plus comprendre.

 

Dieu ne fait iamais rien que de grand, parce qu’il
agist continuellement en Dieu, MADAME, vous estes
Reyne, & vous estes Mere du plus Puissant & du plus
Chrestien des Roys ; Vous estes donc obligée d’agir,
& comme Reyne, & comme Mere ; comme Reyne,
vous estes redeuable à vos Subjets de l’amour, de la
douceur, & de la clemence, puisque, ce sont les vertus
qui naissent auec la Couronne : en qualité de Mere, la
misericorde & la compassion doiuent estre vostre
plus ordinaire occupation ; Et ayant donné à ce
Royaume vn Prince si Iuste & si accomply, il n’y a pas
d’apparence que vous trauailliez à ruiner le siege de
son Empire, & que faisant perdre le repos & la vie aux
Subiets que Dieu luy a donnez, vous le rendiez le plus
pauure & le plus infortuné des Princes, auant mesmes
qu’il ayt peu se recognoistre le Maistre & le Souuerain
de tant de peuples ; Ne souffrez point que l’on
violente la douceur qui est si naturelle à Vostre Majesté



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