Anonyme [1649], NOVVELLES REMONSTRANCES A LA REINE REGENTE, Sur le gouuernement de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2561. Cote locale : A_6_36.
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point de particulier pour esleué qu’il soit, qu’il ne
soit obligé de renoncer à sa propre conseruation, si-tost
qu’il la voit en compromis auec la vie d’vn million
de testes, auec le salut & le bien de tout le Royaume :
& si il ne peut sans crime, souffrir que sa vie &
sa fortune soient preferez aux mal-heurs & aux desordres,
qui sont les suites & les consequences de la
guerre, il ne peut sans vn dernier aueuglement estre
le motif de tant de miseres, & consentir que pour le
conseruer on expose les plus belles Prouinces aux
rigueurs de la famine, au tumulte des seditions, à la
profanation des Autels & des Temples, au violement
des Cloistres & des Vierges, au sang, aux incendies,
à la perte de la Religion, à l’establissement de la tyrannie,
& à la ruïne entiere d’vn Estat.

 

Moyse voyant Dieu irrité contre le Peuple qu’il
auoit confié à ses soins & à sa conduite, & le voyant
prest à punir vn crime tres-enorme par vne derniere
ruïne, Il prie, il presse, il conjure cette Majesté infinie
par toutes les raisons que luy peuuent inspirer sa
pieté & sa douceur naturelle, d’arrester le dessein de
sa vengeance : Mais apres tant de vœux & de larmes
respanduës, n’ayant peû fléchir sa colere, il fait vn
dernier effort qui le fait victorieux de toutes les resistances
de cette Majesté irritée, donnant à sa justice
le choix de ces deux offres, ou d’effacer Moyse, le
Pere de tant de peuple, du liure de vie, & de le condamner
eternellement, ou bien de faire à son peuple
la misericorde qu’il luy demande auec tant de passion.



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