Anonyme [1649], NOVVEAV DISCOVRS POLITIQVE CONTRE LES ENNEMIS DV PARLEMENT ET DE LA VILLE DE PARIS. Où il est traitté de l’vsage legitime de la puissance Royale dans l’imposition des subsides; De la dignité du Parlement de Paris dans la France, & de l’innocence de la Ville de Paris. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_2535. Cote locale : A_6_39.
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qu’on leur fait sous vostre authorité est vne pure violence, ie ne
pense pas que la continuatiõ en soit fort auantageuse à vostre Maiesté,
& que les choses reüsissent selon les esperances & la vanité
de ses Ministies. Car quelle appaience y a-il qu’auec vne armée de
quinze mille hommes on puisse subiuguer Paris où il y en a plus
de cent mille, appaiser la Normandie qui a souuẽt donné de la terreur
à l’Europe & à l’Asie, & remedier en mesme temps aux troubles
de la Prouence, où il y a vne seule ville qui peut se rendre
Maistresse de la Mer, & appeler à son secours quelque puissance
d’Italie qui luy plaira ? D’ailleurs quand vos armées auroient eu
quelque auantage, qui peut respondre que Paris n’executera rien
de ce que le desespoir à coustume d’inspirer à des peuples outragez ?
Qui peut assurer qu’il n’y a point de Prouince qui se demembre
de cette Monarchie ? Qui peut dire qu’il n’y aura point quelque
party ou quelque rebellion assoupie qui se réueille ? Enfin qui
peut sçauoir si au lieu de cette tranquilité que les Estrangers regardoient
dans la France auec enuie, on n’y verra point naistre
vne infinité de desordres & de confusions ? Car si l’on respond que
Paris & les Prouinces sont trop fidelles pour porter les choses à
ces extremitez : à la bonne heure, ie le croy & le souhaite, mais si
l’on a si bonne opinion de nostre fidelité, qu’elle raison a-on d’irriter
vostre Maiesté contre nous & de nous persecuter auec tant
de violence ? Ie fremis quand ie songe que vostre Maiesté appelle
ses bons subiets ceux qui luy ont donné des conseils si pernicieux,
& qui l’ont conduite sur le bord de tant d’horribles precipices.
Mais il y en a qui publient en cette ville que ce qui a offensé vostre
Maiesté contre nous, c’est l’Arrest que le Parlement a rendu
contre Monsieur le Cardinal Mazarin, & que vous voulez absolument
qu’il continuë dans les fonctions de son Ministere : toutesfois
ie ne pense pas que vostre Maiesté voulust rompre auec ses
subiets & troubler toute la France pour vne si foible consideration,
& certainement quoy que ie né vueille en cét endroit ny
condamner ny approuuer sa conduite, ie puis dire neantmoins,
que l’Arrest dont vous vous plaignez, est vne preuue du respect
qu’on a eu pour vostre Regence, & pour le Sang Royal. Car quand
on eut enleué le Roy hors de Paris, il estoit certes bien iuste que
le Parlement se plaignist d’vne action si estrange : Mais d’où vient
qu’il ne s’est pas plaint de vostre Maiesté, qui auoit emmené le
Roy auec elle, ou de Monsieur le Duc d’Orleans qui y auoit consenty,
ou de Monsieur le Prince, qui occupoit toutes les auenues
de cette Ville ? On ne peur attribuer ce silence, qu’vn respect prodigieux
& sans exemple. De sorte que quand apres-cela le Parlement


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