Anonyme [1649], NOVVEAV DISCOVRS POLITIQVE CONTRE LES ENNEMIS DV PARLEMENT ET DE LA VILLE DE PARIS. Où il est traitté de l’vsage legitime de la puissance Royale dans l’imposition des subsides; De la dignité du Parlement de Paris dans la France, & de l’innocence de la Ville de Paris. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_2535. Cote locale : A_6_39.
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Roy, & Regente de ce Royaume ? Mais apres tout, ie suis asseuré
qu’il n’y a mesme personne aupres de vous, qui ne fust accablé
sous les ruines de cette Ville. Où est ce que le Roy trouueroit
de secours aussi prompt dans vne necessité pressante, comme il
se peut trouuer dans Paris ? qui ne sçait que c’est l’asile &
le refuge des miserables respandus dans tout le reste de la France ?
Enfin qui est celuy de vos officiers, de vos Capitaines, & de
vos Soldats, qui n’y ait ses enfans, sa fortune, ou ses affaires ? Ainsi,
MADAME, on ne parle à vostre Maiesté, que de ruiner Paris,
pour ne luy pas faire horreur par vne proposition plus estrange
Mais il s’agist à bien dire de mettre le feu dans toute la France.
& d’estoufer son propre Fils, à la façon de ces monstres de la Nature,
qui ne se soucient pas de perdre ce qu’ils ont de plus cher,
pourueu qu’ils satisfassent à leur vengeance, & se baignent dans le
sang de leurs ennemis. Mais certes, i’ay de la peine à deuiner, quel
pretexte on a pris, pour donner couleur à vn conseil si pernicieux.
On a fait courir icy vn bruit que le Parlement auoit voulu liurer le
Roy aux Ennemis de la France, & que le Peuple auoit eu trop de
mépris pour vostre Majesté : Mais ce sont des subtilitez ridicules
d’vne fausse Politique. Car qui se persuadera que le Parlemẽt qui est
composé de François, ait moins d’affection pour la France, que
des Estrangers ? Où que le Peuple qui a adoré vostre Majesté dans
sa souffrance, ait moins d’amour pour elle, que ses anciens persecuteurs ?
Ainsi, MADAME, il ne faut point dissimuler. Le crime du
Parlement, c’est de s’estre opposé au brigandage des Partisans, &
celuy du Peuple, d’auoir demandé dans les dernieres barricades la
liberté de ses Protecteurs : Mais ie ne conçoy pas, par quelle Morale
ou par quelle Politique on vous a voulu persuader, que ces actions
estoient des rebellions & des attentats dignes d’vne vengeance
si extraordinaire. On n’a pas manqué de representer souuent
à vostre Majesté, que les Souuerains sont les Seigneurs absolus
de la vie, de la liberté, & des biens de leurs Sujets, & qu’ils
en peuuent disposer à leur fantaisie sans iniustice : de sorte, que
quand le Peuple se plaint des violences qu’on luy fait, il y a tousiours
de la rebellion dans ses plaintes, quand les violences sont authorisées
du consentement du Roy. Mais ie ne veux point d’autre
iuge de la fausseté de ce discours, que vostre Maiesté : toutesfois
ie la supplie de suspendre auparauant toutes les impreffions
qu’on luy a données sur cette matiere, & d’examiner les choses par
les maximes de la conscience & de la raison, à quoy il est certain
qu’elle est sujette aussi bien que moy. Car il n’y a point de doute,
que la puissance Royalle est absoluë, & sans restriction : Et certes, ie


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