Anonyme [1649], MAZARIN EN SOVPÇON DE SA VIE ET DE SES MOEVRS. , françaisRéférence RIM : M0_2433. Cote locale : C_6_10.
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que cette souueraine authorité qui n’est iamais veuë
d’vn bon œil que dans la main des Rois seroit toute
entiere dedans celle de la Reine. L’Illustre sang dont
elle est formée, son alliance Royale, & cette miraculeuse
fecondité n’estoient pas les seuls motifs pour appuyer
ce raisonnement, son malheur passe, ce tiltre
auguste de Reine mesprise, ces menaces qui luy auoiẽt
fait peur pouuoient bien la porter à ne se pas fier aux
Ministres, puis qu’ils pourroient abuser aussi insolemment
de leur pouuoir pour exercer leurs crimes que le
precedent auoit fait pour la persecuter. Neantmoins
contre toutes ces raisons qu’elle sçauoit, & dont elle
auoit eu l’experience elle abaissa sa veuë sur Mazarin,
& de cet œil dont vn regard peut seruir de recompense
aux gens de bien, & d’éguillon à ceux qui le veulent
estre, fit jalir des rayons de lumiere sur ce malheureux
que la nuict devroit tousiours auoir caché aux yeux
des hommes, & principalement à ceux des François.
Dés ce temps qu’il se vit par la bonté de la Reine esleué
à ce haut degré de puissance, & que l’on pouuoit compter
en luy vn Roy & vn sujet, & que sans estre ny l’vn
ny l’autre il estoit tous les deux ensemble, il prit resolution
d’essayer ses forces, & pour tracer vne noble
route à ses crimes il la commença par la conduite &
l’emprisonnement de Monsieur de Beaufort au Chasteau
de Vincenes. Il n’y eut personne qui ne detestast
l’autheur de cette cruelle prison, & tous les gens de biẽ
fremirent de voir qu’vn fauori tout nouuellement formé
eust pû tâcher d’opprobre vne maison que le Cardinal


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