Anonyme [1649], MAXIMES MORALES, ET CHRESTIENNES, POVR LE REPOS DES CONSCIENCES dans les affaires presentes. Pour seruir d’instruction aux Curez, aux Predicateurs & aux Confesseurs. Dressées & enuoyées de S. Germain en Laye, par vn Theologien, fidele Officier du Roy. A MESSIEVRS DV PARLEMENT. , françaisRéférence RIM : M0_2427. Cote locale : C_6_6.
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Richelieu, de declarer crimes de leze-Maiesté les
fautes commises à l’endroit des fauoris & des Ministres
qu’on appelle d’Estat. Nous ne trouuons pas
cette maxime dans l’Euangile, nul des Conciles ne l’a
establie, aucun des Peres ne l’a enseignee, ce n’est
que l’effect d’vn faste par trop orgueilleux ; autrement
il faudroit dire qu’il y auroit plusieurs Roys dans vn
Royaume, si les mesmes deuoirs qu’on rend au Souuerain
estoient rendus à leurs Ministres.

 

IV.

Ces mesmes deuoirs n’obligent point par égale
obligation enuers les personnes preposées à la regẽce
de l’Estat, durant la minorité des Roys. Car encore
que les Regents ou Regentes, soient d’vne condition
plus releuee & dans vn estat plus sublime que
celuy des Ministres, ils sont neantmoins tousiours
dans vn ordre extremement inferieur a celuy de la
dignité Royale, & tout ce qu’on leur doit dans cette
qualité n’est que la deference que deuroit rendre vn
seruiteur a celuy qui seroit le Tuteur de son maistre.
C’est pourquoy ie remarqueray en passant le zele indiscret,
ou pour mieux dire ignorant, de quelques vns,
qui au commencement de ceste regence, auoiẽt
fait adiouster dans l’oraison que l’on fait pour le Roy,
apres ces paroles, pro Rege nostro Ludouico, ces autres,
& pro Anna Regina nostra. Car le Royaume de France
ne tombe point en quenoüille, & sa souueraineté ne
se partage point entre deux auec vn pouuoir egal.

V.

De la vient que les Regents ou Regentes, ny tout
leur Conseil Ministres, & Fauoris, n’estans pas souuerains,
ne peuuent point durant leur regence & la
minorité des Roys faire aucun changement, ny establissement,
qui aye force de Loy. Car la puissance
de faire des Loix est vn effet de l’authorité absoluë,
qui reside dans la seule personne du Prince. & incommunicable



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