Anonyme [1649], MANVEL DV BON CITOYEN, OV BOVCLIER DE DEFENSE LEGITIME, Contre les assauts de l’Ennemy. , françaisRéférence RIM : M0_2406. Cote locale : A_6_7.
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c’est au nom de cette authorité, & selon sa droicte intention
qu’ils agiront. Que veulent donc dire nos aduersaires quand ils alleguent
que la Maiesté Royale est offensée lors que l’on crie au meurtre
sur l’oppression d’vn Fuselier ou d’vn Gabeleur ? Quelle parente y
a-t’il entre la Railliere & Catelan auec nos Roys, pour qualifier de
rebellion la iuste resistance que l’on fait à leurs exactions ? que veut
dire cettuy-là qui a mis dans son placart que l’Estat de France est le
plus Monarchique du monde ; comment cela se peut-il entendre
qu’à nostre honte, & à la confusion de nos Rois ? qu’il nous dise vn peu
ce que c’est qu’vne Monarchie excessiue. Et quelle autre satisfaction
pretendent ces gens-là, sinon qu’en reduisant leurs Concitoyens &
Compatriotes sous le pressoir & la torture, de s’eriger en satellites
& en confidens de cruautez, de voluptez, & de toutes sortes de pernicieux
conseils ? Ils se distingueront peut-estre par emplois & par
offices, comme ils ont desia fait : l’vn prendra l’intendance du Theatre
& des Comedies, l’autre des festins & de la bonne chere, l’autre des
cartes & des dez ; ils auront mesme l’impudence d’y faire attribuer
des titres & des priuileges, ce sera peu de chose de les denommer
comme ceux de Tibere, ou de Caligula, A Voluptatibus, à Tripudiis,
à Prostibulis. Il y aura vn grand Blasphemateur, vn grand Fuselier, vn
grand Berlandier, vn maistre des impies, &c. Le papier François
resiste à l’escriture de cette infamie, & voila à peu pres le bref estat
des Officiers de ton Monarque extraordinaire, dont Dieu nous preserue
s’il luy plaist ; car par sa diuine grace nous n’en auons point encore
veu en ce Royaume, & dans cette zone temperée de la France,
qui ayent approché de ces excez. Et Louys XI. donc on parle
tant, ne peut estre valablement accusé que de trop de morosité sur ses
vieux ans, & de trop de ialousie de son successeur. Ce qui le ietta
dans des terreurs qui le rendirent moins accessible, & moins pitoyable
aux necessitez de son peuple, dont il a merité le reproche & la
malediction iusques à nos iours : au lieu que nous adorons la bonté
& la mansuetude de Louys XII. & que nous admirons la clemence
d’Henry IV. pour auoir admis le Duc du Mayne à son estroite
confidence & bienveillance, qui luy venoit de contester sa couronne,
& pour s’estre sincerement reconcilié auec tous ses ennemis, & qui
vouloit mesme pardonner au Mareschal de Biron, sans la resistance
genereuse que luy firent le Chancelier de Belliévre, & le President


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