Anonyme [1649], MANVEL DV BON CITOYEN, OV BOVCLIER DE DEFENSE LEGITIME, Contre les assauts de l’Ennemy. , françaisRéférence RIM : M0_2406. Cote locale : C_6_5.
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pendant qu’ils contestent du poinct d’honneur, & refusent de passer
à l’aduis les vns des autres, le malade meurt entre leurs mains. Ne
vous souuenez-vous point des Estats de six-cens quatorze : leur deputation
cousta plusieurs millions aux Prouinces de France. Ils vindrenticy
disputer de la Chappe à l’Euesque, & de la puissance du
Pape. Le Cardinal du Perron estalla ses belles cognoissances, &
trionfa de bien dire : Le sieur Sauaron produisit les fruicts de ses
longues & sçauantes lectures : les Euesques de Montpellier, de Grenoble,
du Belley firent des Predications tres-ingenieuses & treseloquentes :
les Marquis de Senecey & du Pont S. Pierre, Presidens
de la Noblesse, & plusieurs autres grands Seigneurs y protesterent vn
grand zele. Enfin de compte la France leur demeura redeuable de
leur bonne volonté, & nulle reformation ne s’en ensuiuit. Si au lieu
de consommer le temps en prefaces & en émulations d’eloquence, ils
fussent entrez en matiere vtile & necessaire, il en eust reussi quelque
bon effect. Mais ces grandes & ceremonieuses conuocations, & qui
sont faites par le choix des Fauoris, qui gouuernent, & qui tiennent la
bourse, ne produisent que du faste, de l’ambition, & de la vanité. Des
Estats libres & des deputations legitimes faites par le libre choix
des Ecclesiastiques, des Nobles & du Tiers Estat, pourroient produire
quelque important succez. Mais auant que cette Assemblée
se puisse faire seurement & legitimement, les années entieres se passeront,
& cependant on fera du feu de nos autres villages ainsi que de
Charenton. Mais pourquoy nous amuser à vne conuocation d’Estats
Generaux ? Chaque Prouince ne les peut-elle pas assembler sans frais
& sans indiction ? Chaque Parlement n’est-il pas composé des mesmes
personnes qui cõposent les Estats ? Messieurs les Euesques, & la haute
Noblesse n’y ont-ils pas entrée, seance & voix deliberatiue ? & lors
qu’ils feront la premiere démarche pour procurer le bien du peuple,
ne seront-ils pas secondez de ses vœux, prieres, & acclamations ?
Ne peuuent-ils pas concerter auec les notables Bourgeois &
Marchands sur les occurrences diuerses par des assemblées de ville,
& par des accommodemens conuenables, sans s’arrester trop superstitieusement
aux rangs & aux formalitez qui suffoquent la iustice ?
Que chaque Parlement recherche les cruautez & les exactions qui
ont esté faites dans son destroit, & qu’il les punisse. Cela se peut faire
sans toucher aux droicts Royaux, ny à l’authorité Royale : au contraire,


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