Anonyme [1652], MANIFESTE DE LA VILLE DE PARIS, CONTRE LE RETOVR du Cardinal Mazarin. DEDIE A SON ALTESSE ROYALE. , français, latinRéférence RIM : M0_2362. Cote locale : B_11_20.
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le Roy par la campagne pendant six mois entiers ; il
s’en vouloit rendre le Maistre absolu pour ne luy
faire iamais lancer que des foudres, & pour mettre
vne desolation generale dans l’Estat.

 

Enfin forcé par la conjoncture des affaires, & par
l’authorité de Monsieur le Duc d’Orleans, il ramene
le Roy à Paris : Ce ne fust pas pour luy faire faire
des actions de pere, mais pour ietter la diuision dans
la Maison Royale, & la destruire plus facilement. Il
fit emprisoner tout d’vn coup deux Princes du Sang
& vn Gouuerneur de Normandie. Il veut supprimer
les rentes de l’Hostel de Ville, qui sont la Plus pure
substance du Peuple, & l’aliment de Paris. Il charge
les Delateurs de recompenses. Il corrompt des tesmoins
contre les peres de la Patrie, & contre l’innocence
mesme. Il asseure l’impunité de tant de crimes
par des Lettres de Cachet, parle Sceau du Prince,
qu’il fait seruir à tant d’attentats épouuentables.
Bref, il employe tout ce que les Tyrans de la Grece,
& de la nouuelle Rome, auoient autresfois inuenté,
pour se maintenir dans vne domination vsurpée, &
pour exercer leurs cruautez & leurs vengeances.

La Victoire de Rhetel, qu’on deuoit à la seule
fortune de l’Estat, rendit encore ce Ministre plus
orgueilleux. Il persuadoit tous les iours au Roy, que
tous les Gens de bien de son Royaume estoient autant
de Cromvvels & de Fairfax, Tous les Parlements,
des Parlements d’Angleterre. Il luy donnoit
d’horribles impressions contre ses Peuples, & luy
faisoit croire que c’estoit à la Royauté & à sa personne



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