Anonyme [1649], LETTRES DE DEVX AMIS, Sur la prise de la Bastille. , françaisRéférence RIM : M0_2263. Cote locale : A_5_19.
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que de bailler leurs garnisons pour s’exposer en proye à l’Estranger.
Quand ils n’auroient pas assez de charité pour leur
patrie, s’ils ont vn peu d’âge & d’experience, ils se souuiendront
de la honte que laisserent à leur posterité ceux qui s’érigerent
en titre de Coyons pour la pension de mille francs
qu’ils receurent du Mareschal d’Anchre : Mais la plus forte
raison, & qui doit faire impression sur l’esprit des plus auisez,
& qui a fait resoudre ces sages Princes & Seigneurs qui se sont
declarez, c’est celle-cy, que la Force & la Iustice sont euidemment
de nostre costé : Et par consequent qu’on ne doit point
hesiter de s’y ioindre, & d’y prendre party. Quant à la Iustice,
entenduë comme vertu, c’est à dire raison, equité, conformité
à la Loy de Dieu ; elle y est visiblement. Nous nous defendons
contre la violence & l’oppression : Nous demandons
d’estre deliurez d’vn Estranger qui nous tyrannise : Nous souhaitons
la presence du Roy : Nous desirons qu’il soit pourueu
d’vn bon Conseil, & d’vne bonne education. Quant à la
Iustice, entenduë pour les Magistrats qui l’exercent : Elle est
absolument pour nous : Il n’y a point de diuision ny de partage :
toutes les voix sont conformes. Ce n’est pas comme
du temps de la Ligue : Il y auoit vn Parlement diuisé & contradictoire.
Celuy qu’on iustifioit à Paris, estoit condamné &
supplicié à Tours. Cela estant ainsi, ceux qui combatent
pour nous, ne peuuent craindre confiscation aucune ny de
corps, ny de biens. Quant à la conscience : Toute la Theologie
est encore pour nostre party. Pour ce qui est des armes,
nous sommes plus de vingt contre vn. Voyez quelle proportion.
Mais ie ferois tort aux Gentils-hommes & à tant de
braues soldats qui nous assistent, de les faire combatre à si
grand auantage, auec la bonté de la cause qui les anime ; vn


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