Anonyme [1649], LETTRES DE DEVX AMIS, Sur la prise de la Bastille. , françaisRéférence RIM : M0_2263. Cote locale : C_3_64.
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RESPONSE.

MONSIEVR,

Dans les affaires vrgentes comme celle-cy,
il ne se faut pas amuser aux ceremonies ; & ie
n’aurois pas manqué de vous visiter nonobstant
les eaux qui vous enuironnent. Mais vn
bon Citoyen doit garder son quartier & son
voisinage, & y trauailler selon sa portée & sa conscience. I’ose
vous dire que Monsieur C. & moy auons asseuré & consolé
mille personnes, sans leur auoir fourny ny armes, ny munitions.
Vn homme en vaut mille quand il a bonne intention,
& vn peu de conduite ; voicy comme ie leur parlois. Nostre
cause est bonne, nostre conscience nous le dicte ; nos Curez
nous le preschent, nos Magistrats nous iustifient : Nous sommes
cent contre vn, que craignez-vous ? Si le pain ne vient
pas par vn costé, il entrera par l’autre : Tenons-nous en bonne
vnion, nous sommes inuincibles. C’est cette vnion qui maintient
les Republiques : c’est l’vnion qui conserue les familles ;
c’est le nom que nostre Ennemy ne sçauroit ny entendre, ny
prononcer sans fremir, & par la vertu duquel nous le deuons
exorciser & chasser du corps de cet Estat. N’entreprenons
point sur les charges les vns des autres : Que les Maistres commandent,
que les valets & les enfans obeïssent ; que les hommes
aillent à la garde, & à leurs autres factions. Que les femmes
prennent soin de leurs mesnages, & d’assister aux prieres
de l’Eglise ; & s’il y en a qui soient si extremement timides,
qu’elles ne se puissent resoudre, qu’elles digerent leurs craintes
à par-elles, sans effroyer leur voisinage, & appoltronnir



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