Anonyme [1649], LETTRES DE DEVX AMIS, Sur la prise de la Bastille. , françaisRéférence RIM : M0_2263. Cote locale : B_14_21.
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LETTRES DE DEVX AMIS,
sur la prise de la Bastille.

MONSIEVR,

Le débord de la riuiere nous tenant
assiegez dans nos logis, ie vous fais ce mot
pour vous demander des nouuelles de la
prise de la Bastille. S’il est permis de railler
dans ces miseres publiques, ie m’estonne que Messieurs
de la Ville n’ont commis à la charge de Renaudot, pour
nous faire sçauoir ce qui se passe. Ces iours passez nous
auions des relations quotidiennes des affaires de Naples ; &
auiourd’huy à peine sommes nous aduertis au vray de ce qui
se fait à Paris. Mais il n’importe pas beaucoup que nos curiositez
soient contentées, pourueu que nos affaires aillent bien,
& que nos Bourgeois s’entretiennent en bonne concorde.
Nous auons vn President Ch. qui est vn vray homme de
cœur : I’apprends qu’il y en a plusieurs autres de sa condition
qui font tout de mesme. Quand ils auront mis ordre
aux affaires principales & plus vrgentes, ie croy qu’ils prendront
soin des moindres, & particulierement de la police du
pain. Car ie ne trouue pas de raison qu’vn pain qui valoit dix
sols, en soit vendu quinze : Veu que les Boulangers ont acheté
& achetent encore le bled au prix courant & raisonnable.
I’entends de ceux du dedans ; car quant à ceux du dehors, le
peril qu’ils courent merite bien qu’ils soient surpayez & recompensez,
&c. Ce 17. Ianuier 1649.



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