Anonyme [1649], LETTRE D’VN PARISIEN, ENVOYEE DE ROME à Paris à vn sien Parent, Sur la Paix des mouuemens de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_1888. Cote locale : A_5_88.
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terres natales, & dans nos maisons paternelles, aueugle
bien souuent nos sens & nostre raison ; Que sans
aucun esgard nous mesprisons l’Estranger, au moins
ceux ou celuy que nous estimons passer en cette
qualité (car cy-apres il sera tres-clair & tres euident,
que Messieurs les Italiens ne sont point & ne doiuent
point estre censez en France pour Estrangers,
mais pour nos compatriotes & nos comprouinciaux.)
Bien que nous en receuions & en puissions encores
à l’aduenir receuoir de grands & particuliers aduantages ;
& partant que le Roy & la France deuoit bien
plustost conseruer son Eminence en la continüation
de ses bons & fidels seruices, que d’en souffrir l’esloignement,
pour des raisons tres-fortes & judicieuses,
qui furent tres-bien desduites en vne bonne compagnie,
où i’eus le bonheur de me rencontrer.

 

LA premiere raison est, que l’Italie a cette preéminence
par dessus les autres Royaumes & Prouinces de
la terre, d’enfermer dans son destroit la Ville qui a autresfois
esté la maistresse temporelle, ainsi qu’elle est
à present la Souueraine spirituelle de tout l’Vniuers,
estant le lieu destiné pour l’establissement de nostre
saincte Foy, & du S. Siege ; & comme le poinct de la
Religion est la chose qui est la plus chere dans les cœurs
des peuples ; pour la deffense & soustien de laquelle ils
n’espargnent ny leurs biens, ny leurs vies, & qu’il n’y
a rien qui les conseruent d’auantage sous l’obeïssance
de leurs Roys & Souuerains, & qui les maintiennent
plus fortement en paix & en vnion. Nos premiers
Roys de France, & nos Empereurs ont estimé qu’il n’y



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