Anonyme [1649], LETTRE D’VN BON PAVVRE ESCRITE A Madame la Princesse doüairiere, sur les affaires du temps present. , françaisRéférence RIM : M0_1851. Cote locale : A_5_44.
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& de celles de ses illustres enfans. Quelle victoire
vous peut estre douce, si vous y trouuez tousiours
des blessures ineuitables ? L’Histoire du
temps ne peut estre leuë ny racontée sans attacher
des soupirs de vostre cœur, vos douleurs
n’ont point de relâche dans cette affliction, & les
offrir à Dieu ie pense que le sacrifice ne luy en sçauroit
estre agreable. Il faut remedier à ce qui n’est
pas incurable, vostre Altesse en ce poinct ne doit
pas s’en remettre au temps, puisque c’est vn trop
dangereux medecin pour des maladies pressantes ;
Nous sommes en estat de voir des fleuues de sang,
si la rosee de la grace ne change point les émotions
& remuëmens funestes qui nous menassent.
Il y en a desia beaucoup de répandu, plaise à la diuine
bonté que ces pauures ames ne soient pas
dans les tourmens eternels apres des carnages si
horribles. M. ce n’est pas icy vne retraite de Carmelite
que le Seigneur exige de vous, c’est vn
effort de Princesse, mere d’vn Conquerant iniustement
irrité ; d’vne Princesse, dis-je, qui a droict de
deliberation dans les dispositions d’vne Reyne Regente,
doüée d’vn naturel qui ne se porte contre
ses subiets que par erreur inuolontaire. Et c’est à
cette pieuse Reyne que vostre Altesse doit faire entendre
les cruautez de son regne, & que peu de
combats luy feront perdre ses subiets & le repos de
sa conscience, si toutes les meres qui ont perdu


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