Anonyme [1649], LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS ESCRITE PAR VN PROVINCIAL. , français, latinRéférence RIM : M0_1837. Cote locale : A_5_23.
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d’affaires, que la perte d’aucun, bien qui fust affecté à la Charge
mais auiourd’huy vous auez l’ambition a combatre des vns qui
vous trahissent sur l’esperance qu’ils ont d’estre eleuez à quelque
chose de plus eminent, & la lascheté des autres qui vous abandonnent,
pour les pensions qu’ils prennent, & pour la crainte qu’ils ont
ou d’vne interdiction ou d’vn bannissement.

 

[1 mot ill.] l.
[1 mot ill.]

[1 mot ill.]
de nos
temps.

Si le mal est donc si grand, pourquoy l’entretient-on ? quelle apparence
y a-t’il de fomenter vne playe qui consomme tout le corps ?
sommes-nous insensibles iusques au point que de ne voir pas, ou de
n’estre pas touchez des rauages que cause ce desordre ? Prenez garde,
Messieurs, comme il en est tousiours allé de pis en pis depuis que
vos Charges ont commencé a se vendre. Auant Louis XI les Rois
ne leuoient rien sur leurs Sujets que par le consentement des Estats,
ou qui ne fust du moins authorisé par la Cour de Parlement : mais
ce Prince qui les mit hors de page commença de se seruir en ses Patentes
des termes de certaine science, plain pouuoir & authorité,
& pour imprimer de la crainte dans les esprits des Officiers de Iustice
qui s’en formalisoient, il proposa à l’instigation de ses Courtisans
de mettre leurs Charges en vente. Le plus fort l’emporte, dit-on :
le vulgaire des hommes se porte plus chaudement à poursuiure
ses interests que ceux du public : afin qu’on ne touchast point la corde
qui faisoit mal à leurs oreilles, ils baissent la teste, & ne s’opposẽt
à rien. Dequoy les Rois suiuans faisans leur profit, ne manquerent
pas de remettre l’vn en auant, sans crainte de perdre l’autre : si bien
que Louis XII. vendit tous les Offices des Finances, sans toucher
toutesfois à ceux de la Iustice, qui estoit vne adroite procedure, pour
les desvnir par les diuers traittemens qu’il leur faisoit : mais François
I. n’ayant plus que ceux-cy à mettre à la raison, les obligea tous,
sans restriction, à acheter leurs Offices, & deslors establit le bureau
des Parties Casuelles, pour seruir, dit Loyseau au liure second des Offices,
d’eschope & de boutique à cette marchandise nouuelle. Ie
ne parle point de la plainte qu’en firent les Parlemens aux Estats
de Blois derniers, ny des diuerses propositions qui furent faites
pour tascher de les contenter, le dernier coup de massuë vous
fut donné l’an 1604. par vn nommé Charles Paulet Secretaire de la
Chambre du Roy, parain de la Paulette, qui fut le premier partisan
de vos Charges, moyennant le soixantiéme denier de la finance.
Qu’est-il arriué depuis ? il n’est pas besoin de vous en parler, vous
le sçauez mieux que moy ; tout ce qu’on en peut dire est que le mal
est à sa crise, & qu’il faut ou perir ou le guerir.

Ce fut l’an
1522.

3. Cause [1 mot ill.]
jettée sur
les partisans
Conseillers.

Ie pourrois rapporter pour la troisiéme cause de nos malheurs, la
promotion qui se fait des races partisanes aux charges de Conseillers
& de Presidens, pour estre les Emissaires des Ministres, sans que



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