la Renommée le publie si hautement, que tout chacun
souhaitte auec passion de vous voir Quant à moy,
i’aurois vn contentement sans pareil si ie receuois cet
honneur ; Et si ie pouuois posseder vn esprit comme
le vostre, Ie m’estimerois le plus heureux de tous les
hommes : Car c’est vne vertu que i’estime plus que
toutes les autres, estant la plus noble, à present la plus
necessaire de toutes, & que vous la possedez par Eminence ;
Continuez, Mademoiselle, & comme le bien
qui en pourra succeder sera grand, Vostre Altesse en
receura aussi des benedictions infinies & des actions
de grace immortelles. Les François fondent vne partie
de leurs esperances aux oracles de sa belle bouche ;
Répondez à leur attente, Ne souffrez pas qu’ils se détruisent
eux mesmes, & que deux partis contraires,
bien qu’ils deuroient estre vnis, fassent perir la France,
pour donner la joye à vn Estranger de voir reüssir
ses entreprises detestables, heureuses pour luy, mais
malheureuses pour nous. Vostre bonté naturelle, l’interest
de vostre gloire, l’affection que vous auez pour
vostre patrie, & vostre generosité sans pareille, vous
porteront sans doute, Mademoiselle, de n’abandonner
pas vn œuure imparfait que vous auez si bien commencé,
Ie vous en coniure en mon particulier, & ie seray
dautant plus obligé de garder le vœu que i’ay fait
d’estre eternellement

MADEMOISELLE,

De Vostre Altesse

Le tres-humble, tres-obeissant,
& tres-affectionné seruiteur,
LE PRINCE GENEREVX.

Ce 20. Ianuier
1649.