Anonyme [1649], LETTRE DV BON GENIE DE LA VILLE DE PARIS A CELVY DE COMPIEGNE SVR L’HEVREVX RETOVR DV ROY. , françaisRéférence RIM : M0_2081. Cote locale : A_5_86.
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& pour peu que l’on considere mes actions on verra
que ie suis vne innocente calomniée. Ie veux que
desormais tous les Historiens soient mes panegiristes,
& que ma fidelité soit vn modele pour les autres villes.
Ne scait-on pas que tout mon peuple n’ayme rien tant
que la tranquillité, & qu’il prefere vne branche d’oliuier
& des palmes, à des forests entieres de lauriers ?

 

Et certes ce mesme peuple est tellement accoustumé
à voir son Roy, que l’absence luy en est insupportable.
Que si du Haillan a dit autresfois en parlant des
peuples de la France, que le nom de Roy leur estoit si
sainct qu’ils les aimoient aueuglement, & qu’ils n’auoient
pas moins de respect pour leurs defauts, que
pour leurs vertus. O que mon bon-heur est grand aujourd’huy,
puis que ie vois en mon ieune Monarque
tous les caracteres des vertus de ses Ayeulx, & que ie
puis en l’aymant aimer en luy tout ce qu’on a reueré
autres fois de separé dedans les Princes. Ne sera il pas
vray de dire qu’il en est de luy comme du Panteon des
Romains, où tous les Dieux pouuoient estre adorez
tout à la fois. Iamais le sceptre de la France n’a esté
porté par vne main si religieuse, & nous esperons que
ce Dieu donné, que cet enfant de nos souspirs & de
nos larmes rendra ce Royaume fleurissant en pieté.

Vn grand Euesque de nos iours a raison de dire que
les Grands sont les verges de Iacob diuersifiées selon
leurs perfections & imperfections, & que leurs peuples
sont bons ou mauuais, tant ils ont l’imagination saisie
de ces grans Colosses qui sont tousiours deuant leurs
yeux. C’est ce qui a fait dire à vn ancien Historien ces



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