Anonyme [1649], LETTRE DV BON GENIE DE LA VILLE DE PARIS A CELVY DE COMPIEGNE SVR L’HEVREVX RETOVR DV ROY. , françaisRéférence RIM : M0_2081. Cote locale : C_3_92.
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Non ignota cano cuiquam, necegentia testis

Ma tristesse ne pouuoit estre terminée que par la
presence d’vn si grand Prince, de qui vn seul regard me
vaut vn siecle d’or : Et mes larmes ne pouuoient estre
essuyées par vne plus belle main que la sienne. Quant
à moy ie me figure, que la presence des Roys est infiniment
agreable aux peuples qui les ont long temps
souhaittez comme le Soleil l’est à la terre dont il peut
estre appellé le pere ou le mary.

Il est bien vray qu’il en est des souuerains, comme
de cet Astre qui a ses douze maisons en son Zodiaque
& qu’ainsi le seiour des Monarques ne doit pas estre
limité. Mais aussi ne scauez-vous pas que mon Prince
a esté plus d’vn mois absent de moy, & si ce temps étoit
suputé selon l’excez de mon amour, ie pourrois dire
qu’vn siecle entier s’est escoulé en cette absence. Le
Soleil ne demeure pas plus d’vn mois chez la Vierge,
chez le Lyon, dans la Balance, ni dans les autres signes.
Ce n’est pas que ie condamne les actions de mon Roy,
c’est vn effet de mon zele qui me force de parler en
cette conioncture. Ie scay que ie luy dois toute sorte
d’obeïssance, & i’ay fait vœu de ne m’en departir iamais.
Ie pretends que l’on voye vn iour dedans l’Histoire
des marques illustres de ma fidelité, si les Historiographes
ne se laissent point corrompre par mes ennemis
Ie scay qu’il s’en trouue quelques vns qui n’ont
pas tousiours parlé à mon aduantage, & qu’ils ont tasché
de ternir l’esclat de ma gloire, & l’on peut dire que
du Haillan a receu pension pour me diffamer. Ie veux
effacer la mauuaise impression qu’on en pourroit auoir



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