garde à Lesigny à vn homme
qui y va tous les iours qui a vn
bonnet gris, & vne peau de
Loup sur luy, sur tout ne m’oubliez
pas. Ie vous escriray encor
Vendredy.

Dedans l’incertitude que j’auois de sçauoir quel en pourroit
estre l’autheur, & ce que tous ces chifres signifioient ; je pris aduis
de mes amis, qui me dirent, qu’il n’estoit pas à propos de la montrer
à quelqu’vn de Messieurs du Parlement, parce que cela me
pourroit mettre en peine, ne pouuant donner connoissance de l’Autheur.
Et que c’estoit assez, puis que son effet estoit empesché, par
la negligence de celuy qui la portoit, qui l’auoit laissé tomber, &
par vne prouidence manifeste de Dieu, qui n’auoit pas voulu permettre
qu’vn si pernicieux dessein reüssist ; ayant cedé à la persuasion
de mes amis, ie fus poussé de curiosité pour la deschifrer, &
pour voir si ie n’aurois point quelques lumieres, ie m’y appliquay
fortement ; mais ie n’en peus auoir d’autres que celles de l’insigne
trahison de quelque personne de qualité. Ie dis de qualité, parce
qu’il est impossible qu’vne personne de mediocre condition puisse
sçauoir tout ce que l’on mande dans cette Lettre, l’ayant deschifrée
tout au long, i’en ay voulu donner vne copie au public,
afin que l’on y prenne garde desormais, & que s’il s’en rencontre
de semblables, on les puisse facilement expliquer. Il n’y a point
d’autre secret que dans les chifres communs, sinon que l’ordre
estoit bouleuersé ; que i’ay mis vis à vis de l’interpretation, afin
que l’on voye plus aisément la chose. Ie supplie les Lecteurs de
prendre en bonne part cette copie, que ie leur donne, & l’aduis
que i’ay treuué cette Lettre dans l’Isle du Palais, où il y a quelques
personnes que l’on peut soupçonner : mais iusques icy qu’on ne
peut pas conuaincre d’intelligence à Sainct Germain ; que l’on ne
doit pas aussi nommer, puis que l’on n’a que des conjectures, &
non pas des preuues asseurées.