Anonyme [1649], LETTRE DE REPROCHE DE LA Reyne au Cardinal MAZARIN, Sur le repentir quelle a de l’auoir aymé. , françaisRéférence RIM : M0_2051. Cote locale : C_3_23.
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pour la grandeur, la prosperité de ce Royaume,
& mesme pour le soulagement d’vn chacun,
meritoit quelque recompense condigne à l’esclat
do la Pourpre dont vous estes indignement reuestu :
Ie vous aduouë que les souuenirs des felicitez
que vous promettiez à cét Estat estoient bien doux
à ma pensée, mais maintenant que par vos pernicieux
conseils vous l’auez si vilainement outragé,
ie ne veux plus qu’ils repassent dans ma memoire,
que pour me faire conceuoir de l’aigreur & de l’amertume
contre l’infidelité que vous auez commise,
c’est vne chose bien veritable, que pour mon
contentement, il eut bien mieux vallu estre exposée
à la rage d’vne maladie furieuse, que d’auoir
esté halenée par vostre caquet d’vne contagion qui
si subtilement s’est coulée dans mon esprit : Ce fut
l’amour que i’auois pour le repos & le soulagement
des Subjets de mon fils, que tant de fois vous disiés
souhaitter plus que vostre propre vie, qui me voulut
> troubler par les plus rudes attaques dont il ait iamais
veu assailly le cœur d’vne pauure Reyne desolee.
Tous vos déportemens & toutes vos pratiques
iointes à celles de vos supposts, me monstrent bien
à present que vous n’auez eu autre soing qu à bastir
la misere d’vn peuple si outrageusement persecuté,
au lieu de la felicité que vous feignez luy vouloir
procurer : La France n’auoit pas besoing d’ornements
estrangers, elle paroist assez de son propre [1 mot ill.]
sans en emprunter d’ailleurs, aussi n’a elle faict


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