Anonyme [1649], LETTRE DE LA REYNE D’ANGLETERRE, A LA REYNE REGENTE, En faueur de la France, & pour la Paix du Royaume. , françaisRéférence RIM : M0_1943. Cote locale : A_5_81.
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malefices qui ne tendent qu’à ses interests, au grand detriment
de ceux du Roy, à la perte de son Royaume, & à la
ruyne totale de ses Sujets, ausquels Dieu a inspiré l’amour,
la tendresse, la fidelité, submission & respect, qu’vn peuple
deuot doit à son Roy & à son Seigneur. Parmy mes
déplaisirs, ie n’en ay de plus grands, & qui blessent dauantage
mon ame, que de voir vne infinité de Corbeaux (ie
veux dire de mauuais Conseillers) qui sont aupres de vostre
Majesté, qui auec leur voix enroüée, obscurcissent
de leur ramage la blancheur & harmonies des plus beaux
Cygnes, qui sont vos pauures Sujets, MADAME, qui
vous crient misericorde, vous priant de destourner de
vos yeux, & priuer à iamais l’Autheur de leur perte & le destructeur
de ce ieune Monarque, vostre tres-digne Fils, de
Dieu Donné : du moins si n’auez pitié de cette pauure
Tourterelle, qui est la France, & si vous reiettez ses souspirs,
au moins ayez compassion de ce ieune Monarque si
n’en voulez auoir de vous mesme ; vous estes obligée de
luy conseruer sa Monarchie par la douceur, & non par la
violence d’entendre la voix d’vn peuple opprimé, & non
pas la voix de l’opprimeur, que deuriez haïr comme vn
Demon, & non pas le fauoriser d’vne main de Gyas, & de
vos forces Royales, pour mettre vos Sujets dans la derniere
extremité, ce qui ne peut estre, MADAME, que
n’en ressentiez les malins effects.

 

A qui estes-vous plus obligée, à vn Tyran qui secouë
le ioug de cét Estat, & qui rend cette Monarchie deserte,
qu’à vn Peuple qui est la voix de Dieu, sans lequel ne
pourriez subsister.

Du moins si mes paroles n’ont assez d’amphase & energie



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