Anonyme [1649], LETTRE DE LA PRETENDVË MADAME DE MERCOEVR Niepce de Mazarin : ENVOYÉE A MONSIEVR DE BEAVFORT. , françaisRéférence RIM : M0_1941. Cote locale : C_3_14.
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au regard de celles-là : Mais Grand Prince ne laissez
pas de donner quelque accez à ma Lettre, & de
l’authoriser de vostre bien vaillance, si j’ay ce
bon-heur d’estre la compagne de MONSEIGNEVR
de Mercœur vostre frere ; sera en quoy ie m’estimeray
la plus heureuse femme, qui soit en ce siecle, si
i’ay l’honneur d’estre alliée à vostre Royalle
Maison, ie n’ignore pas que ma qualité ne luy soit
inegalle, & qu’à juste cause vous vous estes estonné
& offencé, ne voulant pas consentir que Monsieur
vostre frere prenne pour femme vne personne, dont
la naissance & la Noblesse n’aproche rien de la sienne,
& quand bien j’aurois la beauté d’Heleine ou de Cleopatre,
la richesse de Cresus, la Noblesse de Semiramis,
la generosité de Themis, iamais ie n’oserois me promettre
vn si grand bien : Mais quoy que ie n’aye rien
de toutes ces choses, s’il plaist à MONSEIGNEVR
vostre frere, de me prendre pour femme,
m’honorant de la qualité dé compagne & espouse,
ie vous prie donc tres-redoute & aymable
Prince, de ne vous point fascher de cette alliance à
la consideration de la bassesse de ma condition, au
regard de sa grandeur ; mais vous sçauez que comme
les Roys peuuent rendre Sceptre les Houllettes,
& d’vne simple Bergere en faire vne Reyne, si
ce n’est qui se veulent allier auec d’autres Roys,
pour maintenir les Royaumes & les Estats dans
vne parfaite vnion & tranquilité, ils pouroient


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