Anonyme [1652], LETTRE DE LA FRANCE EN L’AGONIE, PRESENTÉE A SA Majesté par Messieurs les Deputez de la ville de Roüen dans Pontoise pour la Paix generale. , françaisRéférence RIM : M0_1939. Cote locale : B_15_40.
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Medecine, tout cela ne le peut sans vne puissante
main, SIRE, plaira-il à Vostre Majesté voir ma
Lettre & de donner autant de patience à mes yeux
qu’ils souffrent de feux & de cruauté, afin que tous
ses Poliques qui releuent de moy, puissent iuger de
l’agonie, & que sous le blanc & le noir de l’escriture
de la France, son corps, son cœur, son ame,
ses desirs, ses cris, ses vœux, son seruice, ses plaintes,
ses douleurs, soient fidelles messagers de son martyre,
qui l’empeschent par l’impetuosité continuë
de ses tourmens de vous bien dire son mal, & vous
exprimer ses langueurs, lesquelles sont guidées
d’vne telle discretion, que vous iugerez que son ame
vous honore par delà ses forces, & qu’elle est aussi
ferme qu’elle reçoit de tourmens pour demeurer cõstante :
faut-il que ie die à celuy qui est desiré de tous
les peuples, que les carresses du Ciel qu’il a pleust à
Dieu eslargir à Sa Majesté me rendent esclaue, &
que ses regards qui doiuent estre tousiours accompagnez
de la douceur & mansuetude qui doit maintenir
cette grande Monarchie se monstrent à mon
endroit plustost cuisants, que quidez de lumieres innocentes,
dont la candeur de vos predecesseurs arrestoit
dans les siecles passez l’entreprise des courages
les plus violens. Faut-il que le destin qui se
rit de m’auoir outragée, dont les genies releuez en
connoissent les ressorts cachez qui se meuuent par


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