Anonyme [1649], LETTRE DE LA FRANCE AVX VRAYS FRANÇOIS SVR LES AFFAIRES DV TEMPS present. , françaisRéférence RIM : M0_1938. Cote locale : C_3_61.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 6 --

des bornes si precises, qu’en vn moment ils retombent
dans leur premiere humeur. Le singe est tousiours
singe, dit le Prouerbe, & le François est tousiours
François, il y auoit quinze ans qu’il contrefaisoit
le constant, mais enfin il a donné dans ses boutades
& dans ses impetuositez.

 

Apres donc que i’eus donné telles ou semblables
paroles à mes premiers ressentimens, ie leuay les
yeux au Ciel, ie m’imaginay que les querelles de
mes enfans n’estoient qu’vn effet de son courtoux,
& que leur accommodement seroit vn effet de sa
bonté. Mais comme ie ne sçauois pas la façon dont
ie deuois prié Dieu pour les deux partis, dautant
qu’ils ne peuuent pas estre tous deux iustes. Ie le
priay de m’illuminer & de me faire cognoistre pour
lequel ie deuois solliciter sa iustice, ou implorer sa
misericorde. On m’auoit dit que vous alleguiez
tous des raisons si plausibles, & des pretextes si specieux,
qu’il en estoit de mesme que des vertus, &
des vices dont ie vous ay parlé cy deuant, que vous
/> auiez tous pris les armes pour le seruice du Roy, &
que ce beau nom retentissoit dans les qui viue de
part & d’autre. Ie fus exaucée, & Dieu voulut que
l’on m’informa bien tost apres de vostre procedez.
Ie cognus clairement que c’estoient vous qui combatoit
pour le seruice du Roy, puisque vous combatiez
pour l’ordre & pour la iustice, & non pas vos
freres dénaturez, puisqu’ils taschent de renuerser
l’estat par le desordre, & par la violence. L’on m’asseura



page précédent(e)

page suivant(e)