Anonyme [1652], EXTRAICT DES REGISTRES DV PARLEMENT, CONTENANT Ce qui s’est passé pour l’esloignement du Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1351. Cote locale : B_11_29.
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d’vne Victoire remportée par vos Armes sur vos ennemis ;
enleué par deux fois Vostre Majesté auec peril de sa personne sacrée ;
fait dessein de saccager vostre bonne Ville de Paris remplie de tant
de milliers d’innocens ; ruїné le cõmerce, diuerty le fonds des Rentes,
desquelles beaucoup de pauures viuent, & qui font la meilleure partie
du bien de plusieurs riches ; mescontenté vos Alliez, mesmes les
Suisses, destournant les deniers destinez à leur solde ; fait emprisonner
Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & le Duc de
Longueuill sur des conjectures legeres, s’imaginant qu’vn attentat
de cette nature ne produiroit aucune alteration dans le Royaume,
& qu’on laisseroit souffrir en prison le Sang Royal, sans en
considerer l’importance ; interdit le Parlement de Bourdeaux par
mauuais conseils, & contraint la Ville & la Prouince à prendre les
Armes ; abandonné aux Espagnols non seulement la Champagne,
mais l’Isle de France & les enuirons de Paris, lors que vos meilleures
Troupes estoient employées pour accabler vos Subjets ; fait traduire
les Princes prisonniers en la Citadelle du Havre, lieu incommode
à leur santé, dont ils pouuoient estre aisément enuoyez hors du
Royaume ; couuert tous ses conseils precipitez ou temeraires du pretexte
specieux de vostre authorité Royale, sans auoir appris en
quoy elle consistoit, laquelle il n’a iamais apprehendé de commettre
sans la soustenir.

 

SIRE, il est tres-necessaire que Vostre Majesté connoisse le
vray estat de sa Monarchie Royale : on ne doit proposer à Vostre
Majesté que les exemples des bons & sages Roys, comme celuy de
Henry le grand vostre ayeul, lequel estant pressé de faire verifier
dans vostre Parlement vn Edict nouueau, & ayant apris par la
bouche de Monsieur du Harlay premier President, que ce qu’il
desiroit contre les Loix ne pouuoit passer qu’en employant la puissance
absoluë, Ce Prince Iuste & Clement dit ces paroles dignes
de luy. A Dieu ne plaise que ie me serue iamais de cette authorité
Souueraine, qui destruict souuent en la voulant establir,
& à laquelle ie sçay que les peuples donnent vn mauuais
nom.

Nous auons aussi sujet de croire que l’interest du Cardinal Mazarin
n’a iamais esté que de se seruir de vostre authorité pour maintenir
celle qu’il auoit vsurpé, & empesché les oppositions à son prodigieux
credit qui ne vouloit point estre contrarié. Il voudroit volontiers
persuader à vostre Majesté qu’il a plus de passion & d’interest
pour vostre puissance Royale que vos Cours Souueraines, qui en
tirent leur premier estre, & leurs continuelles conseruations. Nous



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