Anonyme [1652], EXTRAICT DES REGISTRES DV PARLEMENT, CONTENANT Ce qui s’est passé pour l’esloignement du Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1351. Cote locale : B_11_29.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 22 --

qui luy sont ordinaires, & faisoit de puissantes cabales
dans vostre Cour pour y reuenir, & se restablir dans l’authorité
qu’il auoit vsurpée durant vostre Minorité. Le dessein de cét
homme ambitieux luy a si bien reüssi, que joignant la force à la
surprise, il s’est approché de vostre personne, & a repris la conduitte
de vostre Royaume, contre les protestations qu’il a faites
dans ses Lettres de ne se mesler jamais d’aucune affaire d’Estat.

 

Sur l’aduis de cette entreprise, nous fusmes obligez d’aller au deuant
des mal-heurs qu’elle pouuoit produire, & resolûmes de faire
tres-humbles Remonstrances à Vostre Majesté, qui ne tendoient
qu’à representer les inconueniens qui arriueroient, & qui
en effet ont suiuy le mépris de vos Declarations, que nous tenions
pour loix inuiolables.

Nous eusmes grand sujet de joye, SIRE, lors que Vostre Majesté
nous fit entendre par sa Lettre ses intentions de maintenir
ses promesses Royales, nous asseurant qu’elles ne seroient jamais
violées ; mais bien-tost apres l’estonnement nous saisit, lors que
Monsieur le Duc d’Orleans nous fit l’honneur de nous dire que
le Cardinal Mazarin estoit dans Sedan, & auoit fait amas de gens
de guerre pour aller trouuer Vostre Majesté, sans qu’elle nous
eust fait la grace de nous faire sçauoir ses volontez sur vn sujet si
important. Nous ne pouuions croire qu’elles fussent portées à
rappeller celuy, contre lequel vos Declarations & les Arrests de
vostre Parlement subsistoient, confirmées par la Lettre que nous
venions de receuoir de Vostre Majesté.

A la verité, SIRE, nous auions bien de la peine à nous persuader
qu’on eust pû abuser de vostre signature, jusqu’à la faire
seruir en mesme temps à deux choses si contraires : l’vne d’asseurer
que le Cardinal Mazarin demeureroit pour jamais exclus de
vostre Royaume, l’autre de l’approcher de vostre personne. Vostre
Parlement la respecte trop pour douter de la sincerité de vostre
écrit, l’asseurance que nous en auions nous porta à donner
l’Arrest du 29. Decembre, ayant jugé que ce remede estoit necessaire
pour arrester vn mal-heur extréme, & qu’il n’y auoit point
de plus forte barriere pour fermer le passage au Cardinal Mazarin,
que de luy donner apprehension de sa vie, estant permis d’en
vser de la sorte contre les perturbateurs du repos public, qui se
couurent de la puissance contre la Iustice : sur tout lors que nous
deuions croire que les progrez du Cardinal Mazarin dans vostre
Estat estoient vn pur attentat contre vos deffenses, & plustost le
témoignage de son desespoir qu’vne execution de vos ordres ;



page précédent(e)

page suivant(e)