Anonyme [1652], EXTRAICT DES REGISTRES DV PARLEMENT, CONTENANT Ce qui s’est passé pour l’esloignement du Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1351. Cote locale : B_11_29.
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ET Maistre Omer Talon Aduocat du Roy a dit ; Qu’apres
auoir entendu la lecture de la Lettre du Roy, & oüy ce
qu’il a pleû à son Altesse Royale de representer à la Cour, que
nous ressentions la continuation de nos maux procedans du
retour du Cardinal Mazarin, & du seiour qu’il fait proche
la personne du Roy & dans ses Conseils ; Que comme il n’y
auoit aucun homme de bien qui peust souffrir sans importance
& sans indignation la mauuaise conduitte d’vn Ministre
decrié, qui mettoit le trouble dans le Royaume, & l’Estat au
hazard d’estre ruїné, aussi personne ne pouuoit reuoquer en
doute les Ordres publics, sous la foy desquels subsiste la
Royauté, & sur le fondement desquels les Sujets du Roy peuuẽt
esperer la tranquillité publique : Sçauoir est, qu’il n’appartient
à qui que ce soit de leuer des Trouppes dans le Royaume
sans Commission du Roy ; & que de faire entrer des
Estrangers en corps d’Armée contre sa prohibition, est vn
crime de leze-Majesté ; Que nous supplions la Compagnie de
faire cette reflexion qu’en l’année 1615. Monsieur le Prince
de Condé se plaignit du Gouuernement de l’Estat, & de l’authorité
que le Marquis Dancre y auoit vsurpée ; sur quoy
des Remonstrãces ayans esté faites au Roy de viue voix &
par escrit, & n’ayant esté rien auancé, Monsieur le Prince se
retira de la Cour, & donna des Commissions pour leuer des
Troupes, sous le tiltre du seruice du Roy & du bien public : Et
quoy que le Manifeste de M. le Prince ne fut autre chose que
la repetition des Remonstrances du Parlement, & l’aduersion
de tous les Peuples contre le Mareschal Dancre ; neantmoins
le Parlement registra les Lettres du Roy, qui condamnoient
les Armes de Monsieur le Prince, parce que les choses iustes
doiuent estre souhaittées par des voyes legitimes, & qu’il est
contre la parole du Fils de Dieu, de pretendre de faire vne
bonne action par vn moyen qui soit deffendu & iniuste : Il
faut donner aux Souuerains quelque sorte de latitude dans
le Gouuernement de leurs Estats ; attendre que Dieu leur
frappe les cœurs & les conduise, & non pas par violance leur
arracher ce que l’on desire d’eux. Et de faict les Armes de



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