Anonyme [1649], LES VRAYS MOYENS DE FAIRE LA PAIX: OV, ADVIS AVX BONS FRANCOIS, SVR LES AFFAIRES PRESENTES. , françaisRéférence RIM : M0_4078. Cote locale : A_5_93.
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de quoy l’on n’allegue point d’autre raison, sinon que c’est
la Politique des Generaux de Pologne & d’Alemagne ; mais il
y deuroit bien auoir de la difference du procedé violent des fils
de Verriers & de Messagers eleuez par les voleries & les pillages,
tels que Bek & Iean de Verth, à des personnes de Maison
Royale, à qui l’on ne dispute point le rang que la naissance leur
donne, & auec qui la Cour & les Peuples ne combattent que
par soûmissions & par obeyssances.

 

Il est fâcheux à la France de voir que des Heros qui pourroient
marcher sur les Pas des Hercules & des Alexandres deuiennent
les Tragiques instruments de la fureur d’vn Estranger !
Tant que ce Monstre plus redoutable que les Scylles & les
Carybdes de sa Sicile tiendra le timon des affaires, il n’y a point
d’espoir de Salut, engageât-il cent fois la parole du Roy & des
Princes ; il l’a cent fois violée : En iurast-il sur l’Euangile, il n’y
croit point ; En fit-il la protestation par tout ce qu’il y a de saint
& d’inuiolable ; son impieté & son irreligion l’ont persuadé il y
a long temps, qu’on trompe les hommes par les sermens, comme
les enfans par les bagatelles, & qu’il n’y a rien que ne doiue
aisément promettre celuy qui ne veut rien tenir. Il fera mine
de se radoucir pour nous attirer, il reiettera la faute des desordres
sur la surprise & la violence d’autruy : Il s’excusera par le
peu de connoissance qu’il a du dedans, comme si son ignorance
n’estoit pas la conuiction de l’indignité de son ministere : Il parlera
des remises qu’il a fait faire de quatorze à quinze millions,
comme si aprés auoir chargé le peuple plus de la moitié qu’il
n’estoit auparauant, c’estoit vne grande grace de le décharger
du huictiéme : Il fera imprimer à S. Germain qu’il a esté le premier
Autheur du conseil donné à la Reyne de ramener le Roy
à Paris, & qu’il est bien malheureux si ses soins, & ce qu’il fait
pour nous, nous desoblige ; En fin qu’il dise ce qu’il voudra,
aprés l’enleuement de nostre ieune Monarque, aprés la guerre
& la famine qu’il a par tout déchaisnées, & la peste qui sera
peut-estre le dernier fleau de son Ministere, il faudroit estre insensez
pour écouter cette Syrene, qui chante pour nous enchanter,
& ne nous en chante que pour nous perdre.

Ce qu’il n’a peu faire à force ouuerte, il tâche de le faire par
fourberie ; pour nous affoiblir il ne songe qu’à nous diuiser, &
se vanger mesme par les graces qu’il semble nous faire. Le Bâton



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